Thérapie

L’Arthrose chez le Chien: Quelles solutions pour mon animal?


SOMMAIRE

Introduction: Qu’est-ce-que l’arthrose?

  1. D’abord la prise de conscience du propriétaire
  2. Comment l’arthrose se dépiste-t-elle?
  3. Les signes évocateurs d’arthrose
  4. Les facteurs prédisposant à l’arthrose
    1. Le surpoids
    2. La sédentarité
    3. Une alimentation de mauvaise qualité
    4. Des antécédents d’atteinte osseuse
  5. Les solutions pour aider votre animal à la maison
    1. La gestion du poids
    2. L’activité physique
      1. Le suivi d’activité
      2. L’échauffement
      3. Le type d’activités
      4. Contre-indications à l’activité
    3. Le couchage
    4. L’importance de l’alimentation
    5. Les compléments alimentaires
      1. Les omégas 3 EPA & DHA
      2. Les autres compléments alimentaires
    6. Les aménagements et aides du quotidien
  6. Les solutions thérapeutiques en clinique
    1. La chirurgie
    2. Les traitements allopathiques par voie orale
    3. L’ostéopathie
    4. Le laser thérapeutique
    5. La phytothérapie
    6. Le cannabidiol thérapeutique
    7. Protocole d’injections de polymères d’acides gras
    8. Protocole d’injections d’anticorps monoclonaux
    9. Les perfusions antalgiques en hospitalisation

Conclusion & vidéo de prévention


Introduction: Qu’est-ce-que l’arthrose ?

L’arthrose se définit par une destruction progressive des cartilages au niveau des articulations. Ces cartilages permettent d’amortir les chocs lors des mouvements. Leur usure entraîne donc un mauvais fonctionnement de l’articulation, une réduction de l’amplitude articulaire et induit la transmission de l’information douloureuse aux structures anatomiquement adjacentes, puis au système nerveux central. L’arthrose est une maladie chronique, incurable, et provoque des douleurs et des difficultés locomotrices pouvant aller jusqu’à la paralysie selon la zone touchée. La douleur liée à l’arthrose est une douleur dite « complexe » qui est souvent amplifiée au niveau du système nerveux central par un phénomène d’hypersensibilisation. En effet, il existe différents types de douleurs : mécaniques, inflammatoires, neuropathiques, centrales, nociplastiques,  etc. C’est pourquoi, la gestion de la douleur ne consiste pas seulement à l’utilisation d’anti-inflammatoires, qui en plus d’avoir de lourds effets secondaires, sont parfois insuffisants voire totalement inefficaces.

Ainsi, la prise en charge de l’arthrose est multimodale et nécessite une étroite collaboration entre le propriétaire et le vétérinaire pour adapter les protocoles dans la durée.

D’abord, la prise de conscience du propriétaire

A retenir: A ses prémices, l’arthrose se traduit par une succession de phases douloureuses entrecoupées par des phases asymptomatiques.

Ce n’est pas parce qu’un chien est naturellement joyeux, qu’il ne souffre pas.

Malheureusement, cette maladie est extrêmement sous-estimée par les propriétaires car le chien n’exprime pas forcément la douleur de façon compréhensible pour l’humain. En effet, 70% des chiens de plus de 8 ans sont touchés pour seulement 23% de diagnostiqués. Certes, elle est plus souvent visible sur les chiens grands et lourds, mais toutes les races et tous les gabarits peuvent être touchés ! Et parce que le chien est encore joyeux, la plupart des propriétaires considèrent qu’il n’y aucune douleur. Mais le retard de la prise en charge de l’arthrose entraîne une véritable perte de chance car les réponses aux différents protocoles sont moins bonnes, une grande vulnérabilité émotionnelle (isolement, dépression, dépérissement) s’installe, et une réduction considérable de l’espérance de vie de l’animal en découle.

Comment l’arthrose se dépiste-t-elle?

La suspicion d’arthrose peut se faire par palpation et manipulation du vétérinaire lors de son examen clinique, et est généralement confirmée par une radiographie ou un scanner. Mais le recueil des commémoratifs concernant le quotidien du chien à la maison est au moins aussi important pour faire la part entre une simple douleur ponctuelle et de l’arthrose. Le diagnostic de cette affection repose donc sur les observations et la précision des réponses du propriétaire aux questions posées par le vétérinaire, l’examen orthopédique de l’animal et l’imagerie.

L’ensemble de ces éléments permet au vétérinaire de déterminer quel type de douleur affecte votre animal et comment y répondre au mieux à un instant T. L’efficacité de la prise en charge doit être régulièrement réévaluée pour être adaptée en fonction de l’évolution du type et de l’intensité de la douleur.

Les articulations préférentiellement touchées chez le chien sont le coude, la hanche, le genou, mais tous les os du corps sont susceptibles d’être atteints, y compris la colonne vertébrale.

Comme expliqué précédemment, l’arthrose est progressive et irréversible. Plus sa prise en charge est précoce, meilleur sera le confort de l’animal dans la durée. Elle influe aussi sur son espérance de vie.

Dans certains cas, l’arthrose touche des animaux extrêmement jeunes à cause d’une malformation articulaire, d’un antécédent traumatique osseux, ou d’une d’une maladie telle que la dysplasie (anomalie de congruence articulaire héréditaire qui peut toucher les coudes ou les hanches de tous les chiens à croissance rapide ou de races prédisposées).

Dans le cas de la dysplasie, si elle est correctement dépistée et prise à temps, un traitement chirurgical peut améliorer significativement le confort de vie du chien et empêcher ou retarder la survenue d’une arthrose précoce.

Les signes évocateurs d’arthrose

Nous avons créé un questionnaire que vous pouvez remplir en ligne en créant votre espace membre sur notre site (renseignements à l’accueil) pour apprendre à évaluer la douleur de votre animal. N’hésitez pas à revenir vers nous avec le score de votre animal pour discuter des solutions possibles en fonction de l’intensité de sa douleur. Le score de douleur permet aussi un meilleur suivi pour estimer la réponse aux solutions thérapeutiques mises en place lors des précédentes consultations.

Les signes qui doivent vous alerter à la maison sont nombreux. Votre chien peut en présenter un seul ou plusieurs. En voici une liste non exhaustive :

  • Baisse d’entrain (moins enclin à bouger qu’avant, moins joyeux, moins joueur)
  • Modification de l’appétit (baisse de l’appétit, appétit capricieux)
  • Augmentation du temps de sommeil ou au contraire troubles du sommeil par difficulté à trouver une position confortable
  • Diminution des interactions avec les congénères ou le propriétaire (moins expressif, fait moins la fête)
  • Réticences aux promenades, traîne derrière vous
  • Boiterie à froid après une période de repos ou après un effort physique prolongé
  • Irritabilité voire agressivité lors de contacts avec certaines zones du corps (brossage, caresses, …), appréhension au contact de la main
  • Difficultés à se lever (s’y reprend à plusieurs fois, se plaint), à monter (hésitations, piétinements, chutes, glissades) ou à descendre un obstacle (marche d’escalier, canapé, voiture, etc.)
  • Vocalises (couinements, cris, grognements)
  • Malpropreté (urines ou selles) par difficulté à se mettre dans la bonne position (parfois un chien mâle arrête de lever la patte pour uriner), constipation en cas de douleur pour s’accroupir ou pour arrondir le dos.

Les facteurs prédisposant à l’arthrose

Le surpoids

Le surpoids est l’un des facteurs de risques le plus important concernant l’apparition d’arthrose précoce. Il accélère l’usure des cartilages dans l’articulation abîmée par surcharge. Par conséquent, l’arthrose apparaît non seulement plus rapidement, mais la douleur est elle aussi accrue. Aussi est-il nécessaire de contrôler strictement la corpulence de votre animal s’il souffre déjà d’arthrose. Pour mettre en place les mesures adéquates pour réguler l’appétit de votre chien et ainsi réussir à le faire maigrir ou à maintenir un poids optimal, je vous invite à lire l’article sur la gestion du poids chez le chien.

La sédentarité

La sédentarité, qui va souvent de pair avec le surpoids, est également un axe de progression de la maladie. En effet, moins l’activité physique est importante, plus vite la musculature s’amoindrit. De ce fait, les articulations sont moins soutenues, et la douleur, plus importante. De plus, l’immobilité réduit encore plus l’amplitude articulaire sur les zones touchées, engendrant boiterie et compensations qui vont accélérer les lésions sur une nouvelle partie du corps, encore saine. C’est d’ailleurs pour débloquer les compensations que l’ostéopathie est importante dans le suivi de cette maladie.

Maintenez une activité physique douce et régulière avec votre chien (marche au pas, nage, etc.) pour entretenir sa musculature et sa mobilité. Nous verrons un peu plus loin comment trouver le bon dosage de cette activité.

Une alimentation de mauvaise qualité

Une alimentation qui ne couvre pas les besoins de votre chien, créera des manques et des carences sur le long terme, accélérant ainsi le vieillissement de l’organisme : Cela peut concerner aussi bien la quantité que la qualité des protéines permettant une assimilation optimale, un manque d’apport en omégas 3 qui sont des régulateurs naturels de l’inflammation, l’ajout en quantité suffisante de chondroprotecteurs (compléments alimentaires parfois intégrés directement dans l’aliment pour soutenir les articulations) et la présence d’anti-oxydants pour ralentir le vieillissement.

Des antécédents d’atteinte osseuse

Fractures, accidents, chutes, toute fragilité osseuse ou anomalie articulaire y compris des maladies comme la dysplasie, l’ostéochondrite disséquante ou la spondylose entre autres, rendent les régions touchées plus susceptibles d’être atteintes par de l’arthrose de façon précoce.

Les solutions pour aider votre animal à la maison

De nombreuses mesures peuvent être envisagées chez vous pour aider votre animal au quotidien. Cet article va vous en présenter quelques-unes. Mais ce qui compte le plus, c’est de maintenir et d’adapter vos efforts sur la durée !

La gestion du poids

Eh oui, vous avez certainement l’impression que l’on ne vous parle que de ça et pourtant c’est LA première chose à envisager pour soulager votre animal et augmenter son confort de vie sur le long terme. Comme précédemment évoqué, le surpoids aggrave vraiment les douleurs liées à l’arthrose et réduit la mobilité de l’animal. Le premier objectif que vous devez vous fixer en cas de diagnostic d’arthrose est de ramener votre chien à un poids de forme. Et tous les membres de la famille doivent prendre part à cet objectif pour sa bonne réussite. Une amélioration de la mobilité du chien peut être observée dès 11 à 18% d’amaigrissement. Au fur et à mesure de la perte de poids de votre chien, vous remarquerez un meilleur confort et un regain de motivation de votre chien à se déplacer. Cela doit constituer un encouragement pour poursuivre vos efforts!

Pour la bonne mise en œuvre de ce projet, un poids cible et un plan d’amaigrissement peut être établi en consultation à la clinique afin de réaliser cette perte de poids dans de bonnes conditions et en évitant toute fonte musculaire. Lisez et utilisez également les astuces décrites dans l’article sur la gestion du poids chez le chien pour vous aider.

L’activité physique

Le suivi d’activité

La tenue d’un journal d’activité physique est importante pour repérer la durée ou l’intensité d’exercice à partir desquelles votre chien montrera des signes d’inconfort et de douleur.

Notez par exemple que tel jour, vous avez fait une promenade de 2h et observez si votre chien trainait la patte, a présenté des raideurs ou une boiterie en fin de promenade, ou au moment de se relever après s’être reposé à la suite de cet effort. Ou encore pire, s’il a mis plusieurs jours à s’en remettre. Si tel est le cas, alors l’intensité de l’exercice n’était pas adaptée au stade d’arthrose de votre animal. Il vaudra mieux par la suite prévoir des sorties plus courtes mais plus régulières pour entretenir musculature et mobilité sans aller jusqu’à la douleur.

L’échauffement

Par ailleurs, il est conseillé en début de sortie de garder votre chien en laisse une dizaine de minutes, afin d’échauffer tranquillement son corps avant qu’il n’aille sauter dans tous les sens. Ne perdez pas de vue qu’un chien est un éternel optimiste. Il est peu probable qu’il se régule de lui-même pour ne pas se faire mal, car il sera tellement content de sortir avec vous qu’il ne se ménagera pas.

Le type d’activités

Privilégiez la marche au pas, allure à 4 temps qui oblige à faire fonctionner de façon symétrique les 4 membres de votre chien. Si votre chien est déjà sportif, vous pouvez prévoir une légère traction, par exemple avec une ceinture de canicross et un harnais adapté, ou encore une légère pente pour accentuer un peu l’exercice.

Si votre chien souffre déjà d’une arthrose avancée, évitez absolument les départs brutaux et sans échauffement liés à des jeux de balles par exemple, ou encore les chocs répétés et sauts liés à des activités comme l’agility. Ces activités ne feraient qu’endommager un peu plus les cartilages en souffrance au niveau des articulations abîmées.

En revanche, la nage est une bonne alternative si votre chien aime l’eau. Elle permet un fonctionnement des 4 membres, sans la surcharge pondérale grâce à la poussée d’Archimède. Elle reste néanmoins difficile à pratiquer en plein hiver, et n’est pas indiquée si le chien met longtemps à sécher car le froid et l’humidité peuvent aggraver les douleurs liées à l’arthrose.

Contre-indications à l’activité

Il est à noter que si votre chien est en surpoids, qu’il n’a pas l’habitude de faire de l’exercice et qu’il souffre d’arthrose avancée, il est déconseillé de reprendre une activité trop importante dès le départ car cela pourrait aggraver les lésions articulaires. La reprise d’une activité modérée pourra être envisagée après amaigrissement, avec l’accord de votre vétérinaire.

Si l’arthrose de votre chien est déjà tellement avancée qu’il est mal après la moindre activité, il ne faut surtout pas le forcer. Il faudra envisager une alternative médicale par le biais de la physiothérapie pour garder du tonus musculaire et travailler la proprioception.

Le couchage

En cas de douleurs articulaires, il est crucial que le couchage de votre chien soit de bonne qualité car un bon sommeil est un sommeil réparateur. Privilégiez les tapis orthopédiques en mousse à mémoire de forme spécialement conçus pour soutenir les articulations de votre animal. Evitez les paniers à bords hauts qui nécessiteraient d’être enjambés, et prévoyez une taille qui permette à votre chien de s’étendre de tout son long si la position « en boule » est trop inconfortable pour lui.

De nombreux modèles sont aujourd’hui apparus sur le marché : l’Orthobed, les paniers orthopédiques Memory pour chien, ou encore le panier Trixie Vital Sofa en sont trois exemples.

exemple de panier à mémoire de forme

La pièce où dort votre chien a aussi son importance. Une pièce chauffée à l’abri de l’humidité améliorera significativement le confort de votre chien et ralentira son vieillissement général au-delà de ralentir la progression de l’arthrose.

L’importance de l’alimentation

Il existe des aliments diététiques répondant à un objectif nutritionnel particulier (O.N.P)pour lutter contre l’arthrose, dont l’efficacité, comme tous les aliments à O.N.P, a été prouvée scientifiquement et validée par l’ANSES pour améliorer les signes liés à l’arthrose.

Exemple : j/d, Metabolic + Mobility du laboratoire Hill’s, Mobility Support du laboratoire Royal Canin, HPM Joint & Mobility du laboratoire Virbac, CJD Joint Support Spécific du laboratoire Dechra, JM Joint Mobility Pro Plan du laboratoire Purina

Et comme toujours, attention ! Vous pouvez également trouver des aliments qui prônent un « soutien des articulations » ou une  » bonne santé articulaire  » sans répondre aux critères spécifiques des O.N.P. Prenez donc garde aux allégations mensongères. Je vous laisse consulter le paragraphe dédié à ces dérives dans l’article « comment choisir de bonnes croquettes pour son animal? ».

Les compléments alimentaires

Les omégas 3 EPA & DHA

Les omégas 3 d’origine animale souvent issus d’huile de poisson des mers froides sont des régulateurs naturels de l’inflammation. Les omégas 3 d’origine animale sont bien plus assimilables que les omégas 3 d’origine végétale (graines de lin, huile de colza ou soja) mais doivent provenir d’une pêche raisonnée pour éviter la destruction des fonds marins. Ils craignent l’oxydation de l’air et doivent être choisis en capsules ou en gélules plutôt qu’en pompes ou bouteilles. Pour répondre à une indication en cas d’arthrose, ils doivent être apportés à hauteur de 310 mg par kilogramme de poids métabolique (c’est-à-dire le poids à la puissance 0,75) par jour, soit 1,8 grammes par jour pour un chien de 10 kg ! Ils sont toujours à prendre au milieu du repas pour en faciliter l’absorption.

Autres compléments alimentaires

Les plus connus sont la glucosamine et le sulfate de chondroïtine, l’acide hyaluronique, le collagène de type II, ou encore l’extrait de moule verte de Nouvelle-Zélande. Les compléments à base de plante seront abordés dans la partie sur la phytothérapie dans la section sur les solutions thérapeutiques en clinique.

La glucosamine et le sulfate de chondroïtine sont des protecteurs des cellules du cartilage articulaire et atténueraient les manifestations de l’inflammation in vitro. Malheureusement, les résultats in vivo restent controversés en raison de leur absorption notamment, et aucune méta-analyse EBM (Evidence-Based medicine) ne prouvent leur efficacité réelle à ce jour. Les études portant sur l’efficacité du collagène de type II ou de l’acide hyaluronique par voie orale restent quant à elles des études isolées, qui nécessiteraient d’être reproduites à grande échelle et avec un lot témoin pour éliminer un effet « placébo ». Enfin, l’effet de l’extrait de moule verte de Nouvelle-Zélande tient à l’utilisation du manteau de la moule et non de sa coquille et de sa teneur variable en omégas 3 type EPA & DHA. A ce compte-là, il vaut mieux supplémenter directement avec une dose connue d’un mélange d’EPA et de DHA.

Nous recommandons donc d’utiliser ces compléments alimentaires pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire uniquement des compléments, qui peuvent avoir un rôle préventif et soulager un début d’atteinte par de l’arthrose, sans toutefois baser sa prise en charge thérapeutique sur ces molécules.

Les aménagements et aides du quotidien

 Investissements peu coûteux, ils constituent une véritable aide au quotidien pour soulager votre animal et éviter les douleurs aigües liées à un faux-mouvement ou une chute. Ainsi, on peut facilement trouver sur internet aujourd’hui des rampes pour monter dans les coffres de voiture, des marchepieds pour atteindre le fauteuil ou le canapé ou en descendre, des tapis anti-dérapants à placer sur les trajets les plus empruntés par vos chiens, si la nature du sol (le carrelage par exemple) fait qu’ils ont tendance à glisser et que la douleur ou le manque de musculature ne leur permet plus de se retenir. En effet, ces chutes et glissades peuvent déclencher une nouvelle crise algique et fragiliser l’équilibre précaire de la stabilisation de la douleur.

Le port de bottines anti-dérapantes ou l’utilisation d’un harnais de maintien pour soulager l’arrière-train de votre chien peuvent aussi être envisagés.

Toutes ces adaptations nécessitent un nouvel apprentissage pour vos animaux et doivent être présentées et introduites de façon positive (en décomposant l’exercice et avec récompense !) avant un stade d’arthrose (donc de douleur) trop avancé pour que le chien y trouve un intérêt d’utilisation au quotidien.

Les solutions thérapeutiques en clinique

Les solutions en cliniques sont nombreuses et ne se limitent pas à l’usage de médicaments prescrits par le vétérinaire.

La chirurgie

Dans certains cas, la chirurgie constitue une solution palliative quand la douleur et l’arthrose sont trop importantes pour être gérer médicalement. Ainsi, une prothèse totale de hanche uni ou bilatérale peut être envisagée pour soulager une sévère arthrose coxo-fémorale avec un taux de réussite de 90% dans la reprise d’une activité normale si l’animal est ramené à un poids de forme. Les autres chirurgies palliatives les plus courantes sont les prothèses de genou ou les arthrodèses qui consistent à « fixer » une articulation devenue trop douloureuse. Le principal frein à cette solution est le coût très élevé de ces interventions spécialisées.

Intérêt des dépistages précoces pour prévenir l’arthrose :

Mais la chirurgie est surtout intéressante en prévention si un diagnostic précoce de dysplasie a pu être posé, avant l’apparition d’une boiterie ou l’usure du cartilage articulaire, ou s’il y eu rupture de fatigue des ligaments croisés antérieurs du genou. Les deux interventions préventives les plus courantes sont la symphysiodèse qui permet d’augmenter la couverture de la tête fémorale et de réduire la laxité des hanches pour améliorer une dysplasie des hanches. Et l’arthroscopie du coude pour retirer un fragment du coronoïde, forme de dysplasie du coude chez le chien. En améliorant le fonctionnement des articulations en question, la chirurgie prévient ou retarde l’apparition de l’arthrose.

Prothèses totales de hanches.
copyright Dr Ragetly CHV frégis

Les traitements allopathiques par voie orale

Ils regroupent les anti-inflammatoires, les opioïdes (dérivés morphiniques), et d’autres molécules issues de la médecine humaine. Indispensables à un certain stade d’évolution de la maladie, leur usage est à limiter au maximum, car ils ont de nombreux effets secondaires et contre-indications (insuffisance rénale ou hépatique, ulcères digestifs, somnolence, accoutumance). La médication par ces molécules nécessite un suivi sanguin régulier pour surveiller leur tolérance par l’organisme.

Les protocoles d’accompagnement de fin de vie, quand il n’existe plus aucune autre solution satisfaisante , consistent à les employer en mesurant la balance bénéfice/risque.

C’est pourquoi il est nécessaire d’agir dès les premiers signes de la maladie afin de retarder leur utilisation.

L’ostéopathie

L’ostéopathie ou Médecine Manuelle Vétérinaire (MMV) permet de lever les blocages de compensation en réponse à une douleur chronique, un effort physique inadapté, un traumatisme ponctuel, ou un simple suivi pour un animal qui a une activité sportive soutenue (canicross, traineau, chien de travail de sécurité, de recherche en décombres, etc.) Sans pathologie particulière, une séance par an suffit généralement, mais elles peuvent être rapprochées en cas d’arthrose ou de rééducation à la suite d’une chirurgie (hernie discale, rupture des ligaments croisés, arthrodèse, etc.) ou d’un traumatisme par exemple. Les séances se déroulent à la clinique du chien vert, en rendez-vous de 45 minutes environ.

Laser thérapeutique

Anti-inflammatoire, anti-douleur, décontracturant, ou encore cicatrisant. Les applications du laser thérapeutique sont nombreuses. Il est d’une grande aide dans la gestion des douleurs liées à l’arthrose. Les séances sont courtes (environ 10 minutes), non invasives et indolores. Les protocoles dédiés à la gestion des douleurs arthrosiques comportent 6 séances réparties sur 3 semaines pour débuter, puis une séance par mois en entretien.  On peut également utiliser le laser pour la cicatrisation d’escarres de vieillesse dans les cas d’arthrose avancée.

Plusieurs études scientifiques ont montré que son utilisation permet de diminuer significativement les scores de douleur et de réduire l’usage des anti-inflammatoires.

Les séances ont lieu sur rendez-vous à la clinique et le devis est disponible sur demande à l’accueil.

Pour de plus amples informations et applications du laser, vous pouvez visionner la vidéo de notre clinique à son sujet ici.

Phytothérapie

La phytothérapie consiste à traiter ou stabiliser une pathologie par des principes actifs naturels, par opposition à des principes actifs de synthèse, contenus dans les extraits glycérinés de plantes sous forme de sirop. Avec une efficacité clinique prouvée, et peu de contre-indications ou d’effets secondaires, c’est une alternative de choix pour soulager les maladies chroniques telles que l’arthrose. Les plantes utilisées dans la préparation seront choisies selon leurs propriétés pour cibler un type de douleur en particulier, aider à la réparation tendineuse ou ligamentaire quand cela est nécessaire, « reminéraliser » pour ralentir la dégénérescence articulaire, ou encore pour ralentir le vieillissement ou améliorer la vascularisation.

L’avantage de cette thérapie est qu’elle est faite sur mesure pour votre animal, en prenant en compte les comorbidités de l’arthrose telle que la dépression, ainsi que les pathologies co-existantes comme une insuffisance cardiaque ou un déficit cognitif par exemple. Elle peut être administrée en longues cures, mais nécessite des pauses régulières pour éviter l’accoutumance de l’organisme, et la perte d’efficacité.

Cas particulier de l’ Harpagophytum

Très utilisée en traitement d’appoint humain, l’harpagophytum est une plante d’afrique australe ramassée essentiellement en Namibie dont la racine a des propriétés anti-inflammatoires. Elle est aujourd’hui menacée à l’état sauvage à cause de son utilisation comme anti-douleur naturel. Il existe des alternatives non menacées, locales et tout aussi efficaces qui doivent être privilégiées. Si vous prenez vous-même de l’harpagophytum, faites attention à sa provenance et choisissez un label fiable qui assure la pérennité de l’espèce, un travail équitable ou des cultures responsables.

Cannabidiol thérapeutique

Le chien est une espèce particulièrement sensible au cannabidiol ou CBD grâce au grand nombre de récepteurs CBD1 dans son organisme. Le CBD est un cannabinoïde lipidique non psychoactif (sans THC). Il peut être intéressant dans la gestion de douleurs chroniques réfractaires aux traitements classiques, mais aussi dans l’amélioration du confort de vie général quand la douleur a atteint un tel stade qu’elle a des répercussions émotionnelles, grâce à son effet anxiolytique, anti-dépresseur et sa capacité à améliorer la qualité du sommeil. Enfin, il peut potentialiser l’effet de traitements classiques, comme les anti-inflammatoires, en permettant parfois de diminuer leurs doses pour en limiter les effets secondaires.

Le CBD doit être choisi dans sa forme la plus pure possible car le THC (composé psychoactif que l’on trouve communément dans la marijuana ou le haschisch) est extrêmement toxique dans l’espèce canine.

Il constitue donc un complément de traitement à ne pas négliger dans la prise en charge de l’arthrose et dans l’amélioration de la qualité de vie et de l’état émotionnel de l’animal.

Protocole d’injections de polymères d’acides gras

L’ARA 3000 beta® est un copolymère d’acides gras qui régule l’inflammation dans l’articulation et freine la dégénérescence du cartilage qui va de pair avec les maladies articulaires chroniques telles que l’arthrose. Ce protocole sans effet secondaire a donc un grand intérêt sur une arthrose débutante à modérée car il va ralentir sa progression tout en réduisant la douleur. En outre, c’est un protocole peu coûteux une fois la phase d’attaque achevée, car les injections se font tous les 3 ou 6 mois en fonction du confort de chien. Le protocole d’attaque, lui, comprend trois injections à 7 jours d’intervalle, puis une 4ème injection 15 jours après la 3ème et ensuite les injections passent à un rythme trimestriel ou semestriel en fonction du score de douleur.

Ce protocole convient en cas de douleur légère à modérée.

Protocole d’injections d’anticorps monoclonaux

Révolution récente dans la prise en charge de la douleur, le Librela® dont l’équivalent existe enfin chez le chat, est un anticorps purifié canin qui cible le neuro-messager de la douleur exprimé au niveau articulaire et central. Sa tolérance est excellente grâce à la spécificité d’espèce de l’anticorps et à son mode d’élimination par le corps qui sollicite très peu le foie et les reins. Il ne présente donc pas d’effet secondaire et peut être utilisé en cas de pathologies co-existantes avec l’arthrose qui contre-indiquent l’usage de médicaments classiques telles que l’insuffisance rénale, cardiaque, hépatique, etc.

Toutefois, il ne prend en charge « que » la douleur sans ralentir la progression de l’arthrose. Il est donc important de bien réguler la reprise d’activité pour les chiens en surpoids ou dont les articulations sont très endommagées, car ils peuvent se sentir pousser des ailes et aggraver leurs lésions s’ils ressentent moins la douleur.

Ce protocole consiste en 2 injections à 28 jours d’intervalle pour atteindre un état d’équilibre, puis au besoin selon le score de douleur. Ainsi, certains chiens garderont un rythme d’une injection par mois, quand d’autres tolèreront un espacement croissant des injections suivantes.

Ce protocole convient en cas de douleur modérée à sévère et constitue une solution très appréciable chez les chiens pour lesquelles l’allopathie présente des contre-indications majeures.

Physiothérapie

La physiothérapie ou rééducation fonctionnelle vétérinaire s’envisage lorsque l’activité physique est trop douloureuse en cas d’arthrose, ou à la suite d’une intervention chirurgicale (rupture des ligaments croisés, hernie discale) ou d’une blessure (tendinite, entorse, etc.). Elle permet de rétablir la force verticale d’appui au sol du ou des membres atteints, d’améliorer la proprioception, d’entretenir la masse musculaire et la mobilité articulaire par le biais d’exercices sur des machines spécifiques (tapis immergé, plateforme mobile, ballons, etc.) ou par des manipulations douces de kinésithérapie.

Perfusions antalgiques en hospitalisation

Lorsque les diverses solutions évoquées ci-dessus ne suffisent plus à offrir un confort de vie acceptable pour l’animal, une hospitalisation pour une perfusion antalgique à base de morphine et de molécules anesthésiantes des récepteurs à la douleur périphériques et centraux peut être envisagée sur 24 ou 48h. Ces perfusions constituent également une solution médicale de secours en cas de paralysie brutale si une chirurgie n’est pas envisageable.

Parce qu’elle utilise des molécules soumises à réglementation, cette solution n’est envisageable qu’en clinique. De plus, cette perfusion a des effets sédatifs puissants qui peuvent être impressionnants pour le propriétaire, l’animal a donc besoin d’un temps de « récupération » avant de pouvoir en mesurer les effets réels et son usage doit rester ponctuel.

Conclusion

Il est indispensable d’avoir une approche multimodale de l’arthrose qui est une maladie dégénérative, irrémédiable et incurable, qui peut survenir plus ou moins tôt dans la vie de nos animaux de compagnie.  

Comme chez l’humain, cette maladie évolue en une succession de crises de douleur et de phases asymptomatiques dans un premier temps. Ces dernières auront tendance à s’amenuiser à mesure que la maladie progresse. N’attendez pas que la douleur soit permanente pour agir car elle sera bien plus difficile à soulager efficacement une fois installée.

Un suivi régulier, un dialogue avec votre vétérinaire, ainsi qu’un diagnostic le plus précoce possible permettront de la stabiliser et de mieux soulager durablement votre chien.

Enfin, n’oubliez jamais que nos animaux n’ont pas la possibilité d’exprimer leur douleur oralement, et que ce n’est pas parce qu’un chien est naturellement joyeux qu’il ne souffre pas. Il est donc essentiel de repérer tout changement de comportement ou d’habitudes qui sont les précurseurs d’une boiterie ou d’un mal-être persistant. C’est parfois un véritable combat pour le praticien de faire prendre conscience à un propriétaire que son animal est en souffrance. Malheureusement, une fois que l’arthrose se complique d’une composante émotionnelle (léthargie, troubles de l’appétit, dépression), le pronostic vital de l’animal est engagé.

Pour finir, je vous laisse visionner la campagne de prévention et de dépistage de l’arthrose du laboratoire Zoetis qui est extrêmement marquante et émouvante (sous-titrée en français).

Vidéo « In Silence » Zoetis

Article rédigé et documenté par le DV Hébert

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