Nutrition

Comment choisir de bonnes croquettes pour son animal ?

Comment choisir de bonnes croquettes pour son animal?

INTRODUCTION

Il existe de très nombreuses marques de croquettes et en choisir une adaptée à son animal n’est pas chose facile quand on n’est pas formé en nutrition animale.

Par ailleurs, on trouve aujourd’hui quantités d’informations sur internet dont beaucoup ne sont absolument pas fondées sur des arguments scientifiques valables, et pourtant relayées par des centaines d’utilisateurs soucieux de la santé de leur animal. Elles peuvent être très anxiogènes et il devient très difficile de faire le tri pour démêler le faux du vrai.

Cet article est un complément de l’article « Aide à la lecture d’étiquette d’un aliment pour chien adulte » pour approfondir certains points concernant la nutrition de votre animal grâce à la synthèse des dernières publications scientifiques.

Vous pouvez également compléter votre lecture par l’article « les idées reçues en nutrition canine et féline » afin de casser des croyances infondées.

Si vous souhaitez la meilleure alimentation possible pour votre animal, il faudra envisager de passer à la ration ménagère. Toutefois, les croquettes peuvent constituer un très bon compromis, et pour certaines pathologies, c’est parfois le seul choix possible!

SOMMAIRE

Cliquez sur le numéro correspondant pour vous rendre directement au paragraphe concerné

1/ Les protéines

2/ Le taux de phosphore

3/ Les glucides et l’amidon

4/ Les acides gras essentiels: Omégas 3 et 6

5/ La liste d’ingrédients

6/ Avec ou sans céréales?

7/ Recherche et développement

8/ L’aliment, le premier médicament

9/ Les aliments à objectifs nutritionnels particuliers (O.N.P)

10/ La législation dans l’industrie petfood

11/ L’impact écologique

12/ Sites d’informations fiables

LES PROTEINES

Elles sont très importantes dans le régime des chiens qui sont des carnivores à tendance omnivore et dont le besoin journalier en protéines est 4 à 6 fois supérieur au nôtre. Elles sont encore plus importantes dans le régime des chats qui sont des hypercarnivores et dont le besoin journalier en protéines est 6 à 8 fois supérieur au nôtre.

Le pourcentage affiché ne veut pas dire grand-chose en réalité, il faut le corréler à la densité énergétique de l’aliment pour calculer l’apport réel en grammes afin de savoir si la ration que vous donnez à votre animal couvre bien ses besoins ! Et ceci est valable pour chaque pourcentage brut des constituants de croquettes. Voilà pourquoi une analyse de ration est individuelle et vise à confirmer que votre chien, ou votre chat, reçoit bien tout ce dont il a besoin.

La qualité des protéines est à privilégier à la quantité. Une protéine ayant une mauvaise digestibilité ne profitera pas à l’animal et sera évacuée dans les selles. La qualité sanitaire de la viande choisie est elle aussi importante (seuils de résidus médicamenteux, présence de parasites, etc.) et dépend d’une législation propre à chaque pays. Les normes françaises sont plutôt strictes par rapport à celles d’autres pays. Une croquette française vous garantit donc une meilleure qualité sanitaire.

Une protéine est constituée d’un enchaînement d’acides aminés. Il existe des recommandations internationales pour chacun de ces acides aminés. Certaines marques de croquettes (en majorité des marques de qualité vétérinaire) ne se réfèrent plus à la quantité de protéines à apporter mais plutôt à s’appliquer à couvrir les besoins en chaque acide aminé les composant, selon les normes fixées par la FEDIAF. C’est donc en réalité l’aminogramme d’un aliment, c’est-à-dire sa composition en acides aminés, qui est le seul vrai indicateur de la capacité d’un aliment à couvrir les besoins protéiques de votre animal et non plus le pourcentage de protéines. Cette analyse est chère pour les fabricants de croquettes, donc réalisée surtout par de grands fabricants et elle est peu accessible et interprétable par le public.

Remarque : Un besoin protéique non couvert amènera votre chien ou votre chat à manger plus que ce qu’il ne devrait pour essayer de combler ses besoins, le prédisposant ainsi au risque de surpoids. Un apport protéique très important fera augmenter le prix de l’aliment tandis qu’une partie des protéines non utilisées seront éliminées dans les fèces.

LE TAUX DE PHOSPHORE

Le phosphore est un élément important à surveiller. S’il est nécessaire à la croissance osseuse en association avec le calcium pour les chiots et pour les chatons, il devient néfaste sur le long terme, lorsqu’il est en quantité trop élevée, et peut notamment engendrer une insuffisance rénale.

C’est également un des marqueurs de la qualité des protéines. En effet, plus il est élevé, plus importante est la proportion d’utilisation de carcasses et de farines animales dans l’aliment en question. Calculez le rapport % protéines / % phosphore et vous aurez une idée de la qualité des protéines utilisées :

<25 : Protéines de piètre qualité

25-30 : qualité médiocre

30-35 : qualité acceptable

>35 : Bonne qualité

Remarque : lorsque le fabricant ne communique pas son taux de phosphore sur l’étiquette, ce n’est, en général, pas bon signe !

LES GLUCIDES ET L’AMIDON

Les glucides regroupent en réalité l’amidon, les fibres solubles et insolubles (ces dernières correspondent au taux de cellulose mentionné sur les étiquettes). L’amidon est une source d’énergie utilisable par les cellules de l’organisme au même titre que les autres macronutriments (protéines et lipides), digestible pour les chats et les chiens grâce à des milliers d’années de domestication par l’Homme et à leur capacité génétique à fabriquer une enzyme capable de découper l’amidon : l’amylase.

Le taux de glucides n’est pas indiqué sur les étiquettes des aliments, mais on peut s’en rapprocher en calculant l’ENA (l’extractif non azoté) qui représente, en gros, la somme de l’amidon et des fibres solubles d’un aliment, sans pour autant connaître la proportion de l’un par rapport à l’autre. Il est donc à interpréter avec précautions :

Par exemple, le taux d’amidon doit être limité dans un aliment pour « diabétique », mais la quantité de fibres solubles permettant de stabiliser la glycémie doit être, elle, augmentée. Le taux d’ENA calculé sera donc élevé et pourtant ces croquettes répondront à l’objectif Nutritionnel Particulier (ONP) pour être qualifiées d’aliment diététique pour les diabétiques.

On peut calculer l’ENA en soustrayant à 100 le pourcentage de protéines, de matières grasses, de cellulose ou de fibres, le taux de cendres et enfin le pourcentage d’humidité (estimée à 10% si non mentionnée).  

ENA= 100 – %prot -%MG -%cellulose – %cendres – %humidité

Enfin, l’amidon, qu’il provienne de céréales ou d’autres sources comme les légumineuses ou la pomme de terre principalement utilisées dans les croquettes sans céréales, constitue le liant de la croquette, qui permet sa forme et sa tenue. Il est donc présent dans toutes les croquettes de quelque nature que ce soit ! Les fabricants de croquettes sans céréales ont pourtant tendance à un marketing mensonger en jouant sur la confusion « céréales = amidon / sans céréales = sans amidon ». Mais c’est faux !

Les fibres, quant à elles, selon leur nature soluble ou insoluble sont essentielles à la bonne consistance des selles et au soutien de la flore digestive, ou encore à la bonne régulation de la glycémie (fibres solubles). Un manque de fibres insolubles (cellulose) sera souvent responsable de selles liquides par exemple.

Il n’existe actuellement pas de minimum ou de maximum recommandé pour les glucides, mais à trop forte teneur, ils vont augmenter la densité énergétique de l’aliment, c’est-à-dire la quantité de calories contenues dans une ration et donc favoriser le surpoids de nos animaux, eux aussi trop sédentaires de nos jours. Il est utile de rappeler que le surpoids multiplie le risque de diabète par 4 (mais aussi de beaucoup d’autres maladies.)

LES ACIDES GRAS ESSENTIELS: OMEGAS 3 ET 6

Les acides gras essentiels participent à la bonne régulation de l’inflammation dans l’organisme. Ils soutiennent les fonctions cardiaque, rénale et cérébrale, participent à la beauté du poil et la santé de la peau, ralentissent le vieillissement et la dégénérescence des articulations. C’est pourquoi on les trouve en grande quantité dans des aliments diététiques comme les aliments dermatologiques ou à visée articulaire. Les omégas 3 d’origine animale (DHA, EPA ) sont plus facilement assimilables par l’organisme que ceux d’origine végétale (comme les graines de lin).  Cependant, dans le but de préserver les fonds marins, préférez-les issus de pêche raisonnée et durable avec certification à l’appui !

Enfin, les omégas 3 sont très fragiles s’ils sont exposés à l’air. Achetez-les en capsules plutôt qu’en bouteille (ou en pompe, même « airless ») car ils deviennent inactifs, voire toxiques une fois oxydés.

LA LISTE D’INGREDIENTS

Ne vous laissez pas tromper par une liste d’ingrédients longue comme le bras avec des aliments originaux, rares ou exotiques (moule verte, myrtille, etc.) mais en quantité infinitésimale et qui constituent des arguments marketing avant tout sans apporter un bénéfice significatif à cette dose-là à votre animal. En revanche, préférez un aliment à composition constante (évitez les listes d’ingrédients qui ne mentionnent pas spécifiquement poulet, agneau ou bœuf par exemple, par opposition au terme « viandes » qui va utiliser la matière première la moins chère du marché à un instant T et donc changer sa composition.

De même, tous les aliments ne sont pas aussi bien tolérés chez le chien.  Par exemple un apport trop important de légumineuses peut donner un inconfort digestif et créer une inflammation chronique (ballonnements, flatulences, selles molles ou liquides), d’autant plus pour des races déjà à risque comme les bouledogues ou les boxers. L’ajout de yucca, argile, charbon ou autre ingrédient absorbant l’eau ou les gaz dans un aliment à destination d’un adulte en bonne santé doit vous mettre la puce à l’oreille sur la digestibilité de l’aliment.

AVEC OU SANS CEREALES?

Il y a souvent confusion entre céréales = amidon ou glucides, ou encore glucides=diabète. Tout ceci est FAUX, c’est le surpoids et l’obésité qui multiplient par 4 le risque de diabète, mais les gammes « sans céréales » l’exploitent dans leur marketing.

Dans les gammes sans céréales, l’amidon provient d’autres sources que le blé, le maïs ou le riz. Le plus souvent, il s’agit de pommes de terre, de légumineuses (pois, lentilles, etc.), ou de patates douces. Une fois encore, gardez votre esprit critique, car le taux d’ENA dans les croquettes sans céréales est bien souvent supérieur à celui de croquettes de qualité vétérinaire, dont l’amidon est fourni par les céréales.

D’autre part, cette mode relativement récente commence à révéler quelques limites avec l’apparition de certaines pathologies directement imputables à l’alimentation sans céréales comme le développement de certaines pathologies cardiaques (cardiomyopathie dilatée parfois réversible par changement d’aliment) chez le chien ou l’apparition de cristaux urinaires d’oxalate de calcium avec certains aliments comme la patate douce.

La prudence est donc de mise par manque de recul.

RECHERCHE & DEVELOPPEMENT

Avec l’arrivée sur le marché des croquettes sans céréales, les grands groupes de Petfood (Proplan, Royal Canin, Hill’s etc.) ont essuyé beaucoup d’attaques et de critiques. Il n’en reste pas moins que ces grands groupes ont pour la plupart des années de recherche en nutrition derrière eux et qu’ils possèdent des résultats scientifiquement prouvés sur des cheptels entiers (normes sanguines et urinaires induites par tel ou tel aliment, etc.). Ils sont également les seuls sauf quelques exceptions à effectuer des tests sur produit fini pour vérifier que la composition réelle correspond bien à ce qu’il y a sur l’étiquette. Enfin, Ce sont aussi les seuls à pouvoir produire des aliments diététiques pour traiter ou stabiliser certaines pathologies. Une fois encore, l’efficacité de ces aliments est prouvée par des études scientifiques (par exemple les croquettes pour lutter contre l’arthrose).

On ne peut malheureusement pas en dire autant des petits producteurs de croquettes qui achètent souvent des recettes « toutes faites » sur catalogue (on peut trouver les mêmes recettes à la virgule près, dans des packagings et des marques différentes !), et surtout sans contrôle de la composition réelle après leur production, ni de ce que l’aliment va induire chez l’animal.

Exemple : 5 marques qui utilisent la même recette « toute prête » achetée sur catalogue, sans céréales, au poulet, patates douces et herbes : Franklin, Jaquo, My Pet Says, Unipeps et Well Fur (source : publication du 25 janvier 2021 sur la page facebook du Dr Charlotte Devaux)

Tout le reste (packaging, communication parfois même mensongère) n’est que du marketing !

L’ALIMENT, LE PREMIER MEDICAMENT!

Manger mieux pour une meilleure santé : Une croquette haut de gamme et dont la digestibilité est bonne permettra de donner une ration juste et mesurée pour un volume de selles moins conséquent, une espérance de vie plus longue et une meilleure santé générale puisque l’aliment est le premier « médicament » !

Remarque : Attention en réalité, il s’agit d’une expression car d’un point de vue légal, il est interdit en France de dire qu’un aliment prévient, traite ou guérit une maladie. Tout ceux qui prétendent le contraire ne respectent pas la législation française.

LES ALIMENTS A OBJECTIFS NUTRITIONNELS PARTICULIERS (O.N.P)

En revanche, il existe des catégories d’aliment qui ont prouvé leur efficacité dans la régulation de certaines pathologies. Ce sont les aliments à « Objectifs Nutritionnels Particuliers ». Les ONP sont très codifiés et contrôlés. Les normes à respecter sont fixées par règlement européen, puis l’aliment doit prouver à l’ANSES qu’il remplit ces conditions et qu’il est efficace pour mentionner son ONP sur le paquet et être commercialisé en France. Les ONP les plus courants sont les aliments de soutien à la fonction rénale en cas d’insuffisance rénale chronique, les aliments de soutien du métabolisme articulaire en cas d’arthrose, les aliments de régulations de la glycémie en cas de diabète et les aliments permettant la régulation du poids.

Attention, là encore, le marketing et le packaging peuvent encore une fois être trompeurs :

Par exemple, on trouve en animalerie ou sur internet des croquettes dont le nom peut évoquer une efficacité pour lutter contre l’arthrose avec parfois les mots « joint » ou « mobility » alors qu’elles ne remplissent pas du tout les ONP. Et ceci reste tout à fait légal, car elles ne mentionnent jamais le mot arthrose. Elles utilisent des détours comme « santé articulaire » ou « soutien des articulations ». C’est ce qui s’appelle jouer sur les mots ! Donc attention à bien utiliser les aliments à ONP prescrits par votre vétérinaire. Ce sont les seuls dont l’efficacité a été prouvée !

LA LEGISLATION DANS L’INDUSTRIE PETFOOD

Tout d’abord, concernant les normes sanitaires françaises : elles sont bien plus strictes en France qu’à l’étranger, ainsi la qualité des protéines animales, des résidus médicamenteux et autres sont bien plus contrôlés pour les aliments produits sur notre territoire.

En second lieu, concernant la législation de l’étiquetage en France, même si elle n’est souvent pas respectée par les Petfooders: Certaines appellations mensongères peuvent porter à confusion.

Par exemple : « croquettes 100% naturelles », « viande fraîche », « sans sous-produits animaux », ou encore l’utilisation de photographies de beaux poulets rôtis, ou de poissons entiers, etc. Toutes ces mentions sont fausses et interdites ! (cf. notre article sur les idées reçues en nutrition canine et féline)

Attention également aux fausses promesses des soi-disant aliments thérapeutiques que nous avons déjà évoqués dans le paragraphe précédent concernant les aliments à ONP. Vous pouvez trouver ces aliments frauduleux à moitié prix en grande distribution ou sur des sites d’animalerie en ligne comme, par exemple, les aliments pour la « santé urinaire » qui vous laissent croire qu’ils peuvent dissoudre les cristaux urinaires sans aucun contrôle de leur efficacité réel ou du ph urinaire que leur consommation induit, ou encore les aliments pour le « soutien des articulations » qui contiennent deux fois moins de compléments alimentaires spécifiques que le réel aliment thérapeutique pour arthrose.

Le troisième abus le plus couramment observé concerne l’appellation « hypoallergénique » d’un aliment. Les croquettes hypoallergéniques sont produites grâce à un procédé de fabrication précis, doublé d’une chaîne de production dédiée pour éviter toute contamination par des éléments potentiellement allergisants, et ne correspondent pas seulement à une liste d’ingrédients sortant de l’ordinaire.

Attention donc aux allégations mensongères ! N’hésitez pas à nous demander conseil si vous avez un doute.

L’IMPACT ECOLOGIQUE

Un aliment fabriqué en France avec des viandes françaises permet de diminuer l’impact écologique. De même, pour la provenance omégas 3 sous forme d’huile de poissons, une certification « pêche durable » assure la pérennité de la biodiversité et des écosystèmes marins. Les grands groupes de fabrication font aujourd’hui beaucoup d’efforts pour limiter l’impact écologique de la production, c’est d’ailleurs pour cela qu’ils arrêtent tous la production d’échantillons et préfèrent accorder une garantie de l’appétence de leurs produits. Les emballages sont eux aussi travaillés pour conserver les bienfaits de la croquette au maximum tout en étant le moins polluant possible.

On trouve maintenant également des croquettes à base de poisson uniquement, issu de pêche raisonnée, ou encore des croquettes à base d’insectes. Je vous renvoie au paragraphe correspondant dans l’article « les idées reçues en nutrition canine et féline ».

CONCLUSION

Vous l’aurez compris la nutrition est une science complexe mais qui nous passionne ! Alors n’hésitez pas à partager avec nous à ce sujet lors des visites de votre animal. Beaucoup de problèmes peuvent aujourd’hui être évités ou stabilisés grâce à un aliment adapté et de bonne qualité.

Et si un aliment, d’aussi bonne qualité soit-il, ne convient pas à votre animal pour x raisons, le mieux reste encore d’en essayer un autre de qualité équivalente mais de composition différente !

Vous pouvez également consulter :

  • Le blog du Dr Géraldine Blanchard, vétérinaire spécialisée en nutrition, sur le site www.cuisine-a-crocs.com,
  • Ecouter les podcasts « La truffe dans la Gamelle » du Dr Charlotte Devaux, elle aussi spécialisée en nutrition
  • La chaîne Youtube « Nutrition Vétérinaire » du Docteur et Maître de conférences en nutrition Sébastien Lefebvre à l’école Vétérinaire de Lyon.

Article rédigé et documenté par le Dr. Hébert

Tous droits réservés à la Clinique du Chien Vert. Reproduction interdite

Nutrition

Aide à la lecture d’étiquette d’un aliment pour chien adulte

Introduction

Il existe de très nombreuses marques de croquettes et la lecture des étiquettes n’est pas évidente. Voici un article pour aider à les décrypter. Les limites données correspondent aux recommandations internationales fournies par le rapport de la FEDIAF, collectif d’experts en nutrition, pour un chien adulte en bonne santé.

Cet article simplifie au maximum les recommandations actuelles pour vous donner des généralités, mais en réalité, il faudrait vérifier une étiquette et les pourcentages qu’elle mentionne en fonction de l’apport calorique de l’aliment à examiner et des besoins énergétiques du chien qui les mange. Une analyse de ration devrait donc être individuelle !

Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter l’article plus complet : comment choisir de bonnes croquettes pour son animal?

Si vous cherchez des alternatives aux croquettes, consultez notre article sur la ration ménagère. Enfin, les idées reçues en nutrition canine et féline vous guideront peut-être dans vos choix en cassant des croyances infondées.

N’hésitez pas à apporter la photographie de votre sac de croquettes en consultation (constituants analytiques et liste d’ingrédients) et précisez-le au moment de la prise de rendez-vous afin que nous puissions prendre le temps nécessaire pour en parler avec vous et vous conseiller au mieux.

LES CONSTITUANTS ANALYTIQUES

Les protéines

Elles sont très importantes dans le régime alimentaire des chiens qui sont des carnivores à tendance omnivore. Les dernières recommandations pour un chien adulte en bonne santé conseillent un taux de protéines au moins supérieur à 25%. En revanche, il n’existe pas de valeur supérieure à ne pas dépasser. Une fois les besoins de votre animal couverts, le surplus sera de toute façon éliminé dans les selles et fera augmenter la quantité d’un déchet décelable dans le sang, appelé « urée », et traité par les reins. Il faut donc absolument privilégier la qualité à la quantité, et s’appliquer à couvrir le besoin de votre animal, sans chercher la surdose.

Les protéines étant constituées d’un enchaînement d’acides aminés, certaines marques vont raisonner sur la proportion de chaque acide aminé pour couvrir les besoins de l’animal pour chacun d’eux. Une façon de reproduire un peu la protéine « idéale » si vous voulez. Le taux de protéines n’est alors plus interprétable (il est souvent plus bas d’ailleurs) et c’est alors l’aminogramme qu’il faut analyser. En pratique, les petites marques n’ont pas les moyens financiers de réaliser des aminogrammes et les grands groupes sont frileux pour les divulguer.

Il convient donc de retenir que le taux de protéine seul ne veut pas dire grand-chose.

Les matières grasses

Ou lipides. Généralement, elles sont comprises entre 12 et 18%. Les matières grasses fournissent une énergie facile et peu chère comme les glucides, mais il ne faut jamais perdre de vue que le besoin protéique de l’animal doit toujours être couvert, sans quoi, il aura du mal à réguler sa satiété et des carences délétères abimeront son organisme au long cours. De plus, le taux de matières grasses contenues dans l’aliment de votre chien doit être adapté en fonction de son activité physique et de sa corpulence. Si votre chien commence à prendre du poids, il vaut peut-être mieux choisir une gamme avec un taux de MG plus faible.

Humidité, cendres et cellulose

Le taux d’humidité d’une croquette chien, lorsqu’il n’est pas mentionné sur l’étiquette est estimé autour de 10%. Le taux de cendres ou de minéraux résulte en partie de la combustion de carcasses, mais aussi de l’ajout de minéraux. Il doit rester inférieur à 9% selon les recommandations. En pratique, nous vous conseillons plutôt un taux avoisinant les 7-8%. Enfin, la cellulose correspond aux fibres insolubles qui sont indispensables à un bon transit. Un excès ou un manque de fibres ne manqueront pas de créer des désordres digestifs (flatulences, selles molles ou liquides, constipation).  En pratique, leur taux est faible pendant la croissance et va augmenter au cours de la vie de votre animal. Pour un chien adulte, le taux de cellulose doit être inférieur à 5%.

Les glucides

Depuis plusieurs années, ils ont mauvaise presse et on leur fait la chasse. Energie peu coûteuse par rapport aux protéines, ils permettent de rassasier votre animal, et à la croquette d’avoir sa forme et sa texture. Le chien est tout à fait capable de les digérer grâce à son amylase pancréatique et salivaire. Ils sont indispensables au traitement de certaines pathologies et à limiter pour d’autres. Il ne faut donc pas les diaboliser absolument ! Ils ne sont pas mentionnés sur l’étiquette, mais pour les calculer et avoir une explication plus complète, je vous invite vivement à lire la partie qui leur est dédiée dans l’article « comment choisir de bonnes croquettes pour son animal ? ».

Il n’y a actuellement aucune recommandation (ni minimale, ni maximale) concernant le taux de glucides pour les carnivores domestiques (chien comme chat).

Le phosphore et le calcium

Le phosphore constitue un marqueur de la qualité des protéines dans l’aliment (on en reparlera un peu plus loin). Nous vous recommandons de ne pas dépasser un taux de 1% – 1,1% dans un aliment pour chien adulte en bonne santé, car le phosphore en trop forte concentration engendre des problèmes rénaux sur le long terme. A l’inverse du taux de cellulose, le taux de phosphore doit diminuer à mesure que votre chien vieillit. Il est ajouté en supplément dans un aliment chiot, car il sert à la croissance osseuse et son apport dépend de la quantité de calcium dans l’aliment.

Plus le phosphore est bas, plus les protéines sont de bonne qualité et bien assimilables par l’organisme (moins elles utilisent de carcasses ou de farines animales). Si l’étiquette de l’aliment que vous avez choisi pour votre chien ne mentionne pas le taux de phosphore, ce n’est pas bon signe !

Pour un aliment adulte, le rapport calcium/ phosphore doit être proche de 1.

Les acides gras essentiels

Les Omégas 3 et Omégas 6 mentionnés sur l’étiquette, sont des acides gras essentiels nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme (reins, cœur, cerveau, peau, articulations, etc.) Il vaut mieux privilégier un apport en omégas 3 d’origine animale (DHA, EPA par exemple) qui seront plus profitables que ceux d’origine végétale (graines de lin par exemple). Le rapport entre les omégas 6 et 3 permet de vérifier qu’il y a suffisamment d’omégas 3 par rapport aux omégas 6 et de bien réguler l’inflammation dans le corps. Pour que l’équilibre soit respecté, le rapport Omégas 6/Omégas 3 doit être inférieur à 8 selon les recommandations officielles. En pratique, essayez de viser un rapport inférieur à 4.

LA LISTE D’INGREDIENTS

La liste d’ingrédients est aussi très importante car les aliments ne sont pas tous aussi bien tolérés les uns que les autres chez le chien. Par exemple, les légumineuses (pois, lentilles, etc.) peuvent donner un inconfort digestif (ballonnements, flatulences, diarrhée), alors que le riz, lui est une source d’amidon facilement digestible.  Choisissez un aliment à composition constante, c’est-à-dire mentionnant la protéine animale utilisée (poulet, bœuf, canard, etc.) et évitez le terme « viandes » qui signifie que la composition de la croquette peut varier en fonction des prix du marché.

Les intolérances et sensibilités sont à caractère individuel, mais méfiez-vous des aliments qui contiennent des ingrédients absorbants l’eau et les gaz comme du charbon, de l’argile, du yucca, etc. Ils peuvent laisser suspecter que la digestibilité de l’aliment n’est pas optimale.

Enfin, gardez un œil critique sur les très longues listes d’ingrédients qui mentionnent des éléments rares ou exotiques en infime quantité (moule verte, myrtille, etc.). Il s’agit surtout de marketing sans réel bénéfice, à ces doses-là, pour la santé de votre animal.

LA DENSITE ENERGETIQUE DE L’ALIMENT

Elle est souvent mentionnée en Kcal/100g ou Kcal/kg. La plupart du temps, elle est calculée et non mesurée sur l’aliment fini car ce serait trop coûteux. Elle doit correspondre au besoin énergétique de votre animal qui va dépendre de son âge, de sa race, de son activité physique, de sa corpulence et de son statut reproductif (stérilisé ou entier). Si elle est trop élevée, une petite ration suffira à couvrir les besoins de votre animal, et il risque d’avoir trop faim et donc d’être en surpoids. Elle est importante pour calculer la ration précise pour votre animal.

Pour évaluer la corpulence de votre chien, je vous renvoie à l’article la gestion du poids chez le chien.

JUGER DE LA FIABILITE DU FABRICANT

Le rapport protéines/phosphore et le taux de cendres

Le packaging vous promet un beau filet de poulet, un saumon entier ou des ingrédients frais. Ces deux éléments vont vous permettre d’évaluer la qualité de l’aliment.

Le rapport protéines/ phosphore est un marqueur de la qualité des protéines. Lorsqu’il est inférieur à 25, les protéines sont de très mauvaise qualité, entre 25 et 30 elles sont de qualité médiocre, entre 30 et 35, elles sont de qualité acceptable et lorsqu’il est supérieur à 35, les protéines sont de bonne qualité.

Attention toutefois, ce rapport n’est pas interprétable pour un aliment chiot, artificiellement supplémenté en phosphore et en calcium pour les besoins liés à la croissance osseuse.

Le taux de cendres (ou minéraux) sur un aliment adulte varie en fonction de la quantité de minéraux bien sûr mais aussi en fonction de la quantité de carcasses utilisées dans l’aliment. S’il dépasse les 8%, on peut estimer que la qualité n’est pas au rendez-vous.

Respect de la législation

Si on trouve sur le paquet de l’aliment les mentions « 100% naturel », « sans sous-produits animaux », ou la photographie d’un filet de poulet, d’un rôti, d’un saumon entier ou d’aliments pour humains, le fabricant utilisent forcément des allégations mensongères d’une part, et ne respecte pas la législation française d’autre part. Il s’agit uniquement d’arguments marketing. Pour en savoir plus, je vous renvoie au paragraphe correspondant dans l’article « comment choisir de bonnes croquettes pour son animal ? »

Conclusion

La nutrition est un sujet passionnant mais dont le flot d’informations déversées sur internet rend la maîtrise très difficile. Comme pour la nutrition humaine, il est possible de lire tout et son contraire. N’hésitez pas à aborder le sujet avec nos vétérinaires en consultation afin de vous guider dans vos choix ou de répondre à vos questions. Pour aller plus loin, je vous invite à consulter les autres articles de nutrition sur notre site.

Vous pouvez également consulter :

  • Le blog du Dr Géraldine Blanchard, vétérinaire spécialisée en nutrition, sur le site www.cuisine-a-crocs.com,
  • Ecouter les podcasts « La truffe dans la Gamelle » du Dr Charlotte Devaux, elle aussi spécialisée en nutrition
  • La chaîne Youtube « Nutrition Vétérinaire » du Docteur et Maître de conférences en nutrition Sébastien Lefebvre à l’école Vétérinaire de Lyon.

Article rédigé et documenté par le Dr. Hébert

Tous droits réservés à la clinique du chien vert. Reproduction interdite.

Prévention

Le printemps et les parasites

Avec le printemps viennent le soleil, des températures douces, l’envie de sortir, mais aussi les parasites ! Puces, tiques, moustiques et compagnie font leur grand retour!

Les puces sont en réalité présents toute l’année, on peut les repérer directement dans le pelage de votre animal ou on peut voir leurs déjections : des petits grains noirs sont présents à la surface de la peau. Lorsqu’on les mouille elles deviennent rouges car il s’agit de sang digéré. Les puces peuvent transmettre le ténia (vers plat) à votre animal. Elles peuvent également transmettre une hémobartonnellose à votre chat.

Les tiques peuvent ressortir au moindre redoux, même au cœur  de l’hiver. Les transmettent de nombreuses maladies, comme la piroplasmose ou la maladie de Lyme.

Les phlébotomes sont de tous petits moustiques (des moucherons piqueurs). On les trouve dans le sud de la France et de l’Europe. Ils transmettent la Leishmaniose aux chiens.

Les poux sont présents toute l’année. Ils s’accrochent fermement au poil de votre animal.

Les aoutâts portent mal leur nom, ils ne sont pas présents qu’au mois d’aout! Quelques jours de beau temps et les voila de sortie! Ce sont des larves d’acarien qui mangent les couches superficielles de la peau. Ils déclenchent d’importantes démangeaisons, surtout chez les chats!

Il est donc important de traiter votre animal contre ses parasites tout au long de l’année. Il existe de nombreuses solutions pour traiter les parasites : comprimés, pipettes, colliers… N’hésitez pas à venir en discuter avec nous! En fonction de votre animal et de son mode de vie nous vous conseillerons la solution la plus adaptée!