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Comment entretenir la santé bucco-dentaire de mon animal?
Extrêmement sous estimée, la maladie parodontale est pourtant la pathologie la plus courante chez nos animaux de compagnie. Découvrez comment lutter contre cette maladie et garder la bouche de votre compagnon en bonne santé.
GÉNÉRAL
DMV Perrine Hébert
1/19/202522 min read


Introduction


L’importance de la dentisterie chez nos animaux de compagnie est largement sous-estimée et peu considérée tant par les vétérinaires généralistes que par les propriétaires eux-mêmes, car les changements liés aux problèmes bucco-dentaires sont la plupart du temps assez subtils et peu spécifiques. Ils peuvent alors totalement passer inaperçus ou être mis sur le compte d’une autre pathologie concomitante.
Pourtant l’hygiène et l’entretien de la santé bucco-dentaire de votre animal sont aussi essentiels que sa vaccination, la réalisation de bilans sanguins ou le choix d’une bonne alimentation pour son bien-être et sa santé globale.
SOMMAIRE
Introduction
I- Denture, dentition, dents lactéales et dents permanentes chez le chien et le chat
II- Structure d’une dent saine
III- Plaque dentaire et tartre
Qu’est ce que la maladie parodontale?
Les stades de la maladie parodontale
la gingivite
la parodontite
Les conséquences de la maladie parodontale
Les causes favorisantes de la maladie parodontale
Loi Les signes cliniques de la maladie parodontale
V- Les soins dentaires en clinique
Examen vigile: que peut-on en attendre?
Examen sous anesthésie: une étape obligatoire
Un examen buccal exhaustif
Un examen instrumental pour juger de la perte d’attache dentaire
Des radiographies dentaires pour ce que les yeux ne peuvent pas voir
Les étapes des soins dentaires professionnels
VI- Les soins à la maison
A quelle fréquence dois-je brosser les dents de mon animal?
Quel matériel choisir?
Comment procéder à un brossage efficace?
L’influence de l’alimentation et l’alimentation spécialisée
La mastication et la salivation, réellement efficaces?
Les autres compléments qui peuvent aider
Conclusion
I - Denture, Dentition, Dents lactéales et Dents permanentes chez le chien et le chat
Les chiens et les chats ont deux générations de dents: des dents de lait dites lactéales ou déciduales et des dents définitives ou permanentes à croissance limitée chez les carnivores, par opposition au cheval ou au lapin qui ont des dents à croissance continue.
Le terme dentition se rapporte à la phase active de formation et mise en place des dents par opposition au terme denture qui désigne l’emplacement des dents quand la phase de dentition est terminée.
Il convient donc de parler de denture pour des animaux adultes. La denture du chien et du chat est une denture de carnivore et comporte des dents différenciées selon leurs fonctions.
La carnassière est une dent caractéristique des carnivores (4ème prémolaire sur la mâchoire supérieure et 1ère molaire sur la mâchoire inférieure) qui sert à couper et lacérer la viande. Chaque chien et chat en possède donc 4, ce sont les plus grosses dents de leurs mâchoires, et les plus concernées par des fractures ou affections dentaires compte tenu des forces qui s’exercent sur elles.
La denture d’un chien adulte comporte 42 dents dont:
6 incisives, 2 canines, 8 prémolaires et 4 molaires sur la mâchoire supérieure
6 incisives, 2 canines, 8 prémolaires et 6 molaires sur la mâchoire inférieure


Il peut arriver que des dents lactéales persistent chez le chiot comme chez le chaton. Si vous remarquez qu’une dent définitive commence à pousser alors que la dent de lait qui lui correspond est toujours présente, il convient de nous en informer rapidement pour vérifier que la dent de lait ne dévie pas la pousse de la dent permanente, ce qui entraînerait une malposition dentaire par la suite prédisposant, aux blessures et à diverses pathologies par défaut d’utilisation. Dans tous les cas, si les dents de lait persistent après l’âge de 7 mois chez le chiot et le chaton, elles devront être retirées rapidement pour éviter de favoriser l’accumulation de débris alimentaires ou de tartre prédisposant à des infections.
Persistance d’un croc de lait chez un chiot teckel avec début d’accumulation de tartre entre la dent déciduale et la dent permanente


En revanche, les dents de lait chez le chiot sont moins nombreuses, au nombre de 32 seulement, et commencent à tomber vers l’âge de 3-4 mois jusqu’à l’âge de 7 mois, ce qui permet d’estimer l’âge d’un chiot dont la date de naissance est inconnue:
Par exemple, les incisives commencent à tomber vers l’âge de 3-4 mois, puis les canines vers 5 mois, et enfin les prémolaires entre 6 et 7 mois.
Au-delà, c’est l’usure des dents du chien qui sert à estimer son âge. Malheureusement, ce critère dépend de beaucoup d’autres facteurs (milieu de vie du chien, troubles du comportement masticatoire, influence du régime alimentaire ,etc) et n’est donc pas très précis.
Chez le chat adulte, les mâchoires comptent 30 dents réparties comme suit:
6 incisives, 2 canines, 6 prémolaires et 2 molaires sur la mâchoire supérieure
6 incisives, 2 canines, 4 prémolaires et 2 molaires sur la mâchoire inférieure


Le chaton possède quant à lui 26 dents lactéales qui commencent à tomber dès l’âge de 11 semaines (un peu avant 3 mois) jusqu’à l’âge de 6 -7 mois environ où la denture permanente est en place.
Source de l'illustration www.teckel.net
II - Structure d'une dent saine
La dent est constituée d’une partie visible au-dessus de la gencive appelée couronne, ainsi que d’une partie invisible sous les gencives appelée racine.
La couronne des dents est recouverte d’émail, tandis que la racine est recouverte par le cément, qui permet l’adhérence des fibres du ligament parodontal qui aide à maintenir la dent en place.
La dent est tenue dans la mâchoire grâce à un ensemble de tissus appelé parodonte. Le parodonte regroupe la gencive, le ligament parodontal qui maintient la dent dans l’alvéole osseuse ou os alvéolaire, et du cément qui recouvre la surface externe de la racine.


La maladie parodontale est donc une pathologie qui intéresse le parodonte. Véritable “épidémie silencieuse”, il s’agit de la pathologie numéro un chez nos animaux de compagnie.
Source de l'illustration Shutterstock
III - Plaque dentaire et tartre
La plaque dentaire est formée d’un maillage de bactéries, un biofilm, adhérant à une trame protéique à la surface des dents. Cette plaque est relativement transparente, donc invisible et pourtant présente dès les premières 24h qui suivent un nettoyage professionnel suivi d’un polissage des dents. Imaginez un peu, ce biofilm contient jusqu’à 1000 milliards de bactéries par gramme de plaque dentaire.


si vous vous contentez de mettre du produit sans brosser, le biofilm sera toujours présent
Lorsqu’aucune mesure n’est mise en place pour lutter contre la plaque dentaire, celle-ci se minéralise en tartre en 3 à 14 jours à peine, grâce, notamment, au calcium excrété dans la salive.
Le tartre, jaune ou marron, sous forme de coloration puis de dépôt plus ou moins épais, a un aspect inesthétique, mais contrairement aux idées reçues, il n’a qu’un “petit” rôle dans la maladie parodontale, puisqu’il est essentiellement irritant pour les tissus environnants. Ce sont bien les bactéries vivantes et actives dans la plaque dentaire qui sont directement responsables de la mauvaise haleine, des infections et de la maladie parodontale de votre animal, pas le tartre!
Toutefois, le tartre en trop grande quantité constitue une barrière de protection efficace pour les bactéries, permettant à certaines bactéries dites anaérobies, c’est-à-dire qui n’ont pas besoin d’oxygène pour survivre, de se développer. Ces bactéries sont beaucoup plus agressives que les bactéries présentes dans les premières générations de la “jeune” plaque dentaire et aggravent rapidement la maladie parodontale en accélérant la destruction des tissus de soutien des dents, et en se propageant, une fois la circulation sanguine atteinte, dans le reste de l’organisme.


L'union fait la force
Dans cette formation organisée, les bactéries sont 1000 à 1500 fois plus résistantes aux antibiotiques qu’une bactérie isolée! Ces bactéries colonisent ensuite les gencives, l’espace sous gingival, et le parodonte décrit ci-dessus, entraînant infection et destruction de celui-ci. C’est ce qu’on appelle la maladie parodontale.
Comme chez les humains, le moyen de lutte le plus efficace à ce jour contre la plaque dentaire est la dispersion mécanique, c’est-à-dire, vous l’aurez compris, un brossage efficace!
En effet la plaque dentaire est comparable à ça :
IV. La maladie parodontale
Qu'est-ce que la maladie parodontale?
La maladie parodontale est LA pathologie la plus courante chez nos animaux de compagnie. C’est une maladie infectieuse chronique due à la plaque dentaire. Elle aura donc tendance à récidiver malgré les soins à domicile et malgré les soins professionnels, comme chez les humains ! Gardez à l’esprit que nous nous brossons les dents 2 à 3 fois par jour, en plus de soins professionnels annuels, et qu'une part non négligeable de la population souffre quand même de problèmes dentaires nécessitant des soins plus poussés (environ une personne sur deux à l’échelle mondiale souffre d’affections bucco-dentaires). Alors imaginez pour votre animal …
80% des chiens et 70 %des chats de plus de 2 ans présentent au moins une forme de maladie parodontale! Les chiens de petites races et de races toys sont particulièrement concernés du fait que leur surface dentaire est très importante. En effet, un chien de 3 kg n’a pas des dents 10 fois plus petites qu’un chien de 30 kg. En revanche, les os de leurs mâchoires sont très fins, ce qui complique souvent leur cas.
Pourtant la maladie parodontale est extrêmement sous diagnostiquée d’une part à cause d’un manque d’informations des propriétaires, et d’autre part parce que l’animal exprime peu voire pas de symptômes, et quand il en exprime, ces derniers sont souvent peu spécifiques de cette maladie.
La maladie parodontale a d’abord des conséquences locales: une mauvaise haleine (halitose), une lyse osseuse de l’os alvéolaire entourant la dent, qui aboutit à une mobilité voire une exfoliation (chute) de la dent, parfois un abcès et une fistule oronasale entraînant une infection respiratoire haute puis profonde, mais aussi des fractures pathologiques quand l’os de la mâchoire a été infecté (ostéomyélite).


Les conséquences de la maladie parodontale
Mais la maladie parodontale a également des conséquences, parfois très graves, à distance, liées au passage chronique des bactéries dans la circulation sanguine, et à la réponse immunitaire importante déclenchée par l’organisme. Ainsi des organes majeurs comme le coeur, le foie et les reins peuvent être endommagés par une maladie parodontale non gérée. Des études ont montré que le risque de développer une endocardite infectieuse est 6 fois plus important chez les chiens souffrant d’une parodontite avancée par rapport à un chien sain.
Une autre étude a conclu qu’un patient atteint de maladie parodontale avait 4 fois plus de risques de développer au moins 3 maladies systémiques concomitantes par rapport à un patient sain.
La maladie parodontale peut aussi déséquilibrer des maladies chroniques comme le diabète en favorisant une insulino résistance, ou encore augmenter la probabilité de certains cancers chez l’Homme.
Causes favorisantes de la maladie parodontale
Certains facteurs vont précipiter l’apparition de la maladie parodontale ou accélérer sa progression:
La malocclusion ou une malposition dentaire
Les signes cliniques de la maladie parodontale
Bien que peu exprimés et peu spécifiques de la maladie parodontale, certains signes doivent vous faire penser à cette pathologie et vous amener à consulter rapidement:
Une difficulté à manger, à saisir la nourriture, une dysorexie (diminution de l’appétit) ou une anorexie, un amaigrissement progressif
Une halitose (mauvaise haleine) qui est dans 90% des cas liée à un problème bucco-dentaire
Un prurit (démangeaison) faciale sur des objets ou avec les pattes
Une salive épaisse, visqueuse, abondante ou nauséabonde, parfois teintée de sang ou marron (souvent un mélange de pus et de sang)
Un animal qui grince des dents ou claque des dents de façon non contrôlée
Un changement de comportement de votre animal sans cause apparente, une diminution du toilettage chez le chat
Des vocalises au moment des repas (parfois des cris) ou un animal qui penche la tête pour manger
Des éternuements répétés, un jetage nasal (écoulement), un gonflement d’une zone du visage (par exemple sous l’oeil), de la mâchoire ou de la gorge de l’animal
Des gencives qui saignent facilement au brossage ou lors d’une activité de mastication
Les stades de la maladie parodontale


Les chiens de petites races sont prédisposés à la maladie parodontale
Deux stades sont décrits pour cette maladie, et ils peuvent coexister dans une même bouche, sur le même individu.
La gingivite : Les gencives sont rouges (érythème), boursouflées (oedème), et saignent facilement au brossage ou à l’exploration avec une sonde parodontale. L’animal a souvent mauvaise haleine (halitose). La gingivite est un stade réversible si les bonnes mesures sont prises à temps.
Gingivite chez un chat
Illustration F.Boutoille
La parodontite, caractérisée par la destruction des tissus de soutien de la dent, le parodonte. Elle est irréversible. L’os détruit par les bactéries ne se reconstruit pas!


Parodontite très sévère chez un Yorkshire
Illustration F.Boutoille


Fracture pathologique de la mandibule consécutive à une infection de l'os
Illustration F.Boutoille
90% des chiens de moins de 4 ans ont une maladie parodontale en stade 1 (3 à 5 mm de perte d’attache parodontale)
80% des chiens de plus de 6 ans ont une maladie parodontale avancée en stade 3 (>7 mm de perte d’attache parodontale)
40% des chats de plus de 9 ans présentent une forme sévère de maladie parodontale


Ce n'est donc pas une maladie de "vieux"!


Une maladie parodontale non traitée cause des douleurs significatives bien que peu exprimées par l’animal et peut évoluer vers une infection localisée ou systémique.


Un encombrement dentaire avec des dents surnuméraires ou la persistance de dents lactéales (souvent les crocs) qui permet l’accumulation de débris alimentaires et favorise la formation de tartre à ces endroits.
Une maladie pouvant altérer les défenses buccales ou le système immunitaire de manière générale (maladie rénale chronique, FIV (sida du chat), felV (leucose du chat), une trouble endocrinien tel que le diabète par exemple).
Des facteurs génétiques tels que la race ou le gabarit du chien: Les petits chiens ont une surface dentaire proportionnellement plus grande que les grandes races, et la taille de leurs racines dentaires est très importante par rapport à l’épaisseur des os de leurs mâchoires.
En revanche, certaines études concluent que la nature de l’alimentation (croquettes ou pâtées hors croquettes spécialisées pour la gestion du tartre) n’a pas d’incidence sur la quantité de tartre dans la cavité buccale ou la sévérité de la maladie parodontale.
V- Les soins dentaires en clinique
L'examen vigile: Que peut-on en attendre?
L’examen vigile se déroule en consultation. Il permet, lorsque l’animal est coopératif, d’évaluer les éléments facilement visibles, surtout sur les dents rostrales (les incisives, les canines, les premières prémolaires) comme la quantité de tartre supra gingival (sur la surface dentaire), la mobilité de certaines dents, la présence d’une gingivite. Les dents caudales, au fond de la cavité buccale, sont plus difficiles à examiner.
Cet examen permet parfois de mettre en évidence la douleur à la palpation directe et de recueillir les observations que vous avez faites à la maison (comportement alimentaire, difficulté à mâcher, etc.)
Mais il est loin d’être complet, même lorsque l’animal est coopératif. Dans tous les cas, il se complète par un second temps sous anesthésie générale. L’animal est endormi, puis intubé avec une sonde endotrachéale et une analgésie est mise en place selon l’importance des soins à prévoir.
Un examen buccal exhaustif
Tout d’abord, un examen minutieux de la cavité orale dans sa globalité (dents surnuméraires ou manquantes, malocclusion ou malposition dentaire, gencives, muqueuse alvéolaire, palais, langue, etc) pour repérer d'éventuelles anomalies, blessures, ou masses, estimer la mobilité dentaire, les pathologies intéressants les gencives (hyperplasie, saignement, récession gingivale). Cet examen permet également la mise en évidence de pathologies de la cavité orale qui n’ont rien à voir avec la maladie parodontale, comme la gingivostomatite chronique féline, un complexe granulome-éosinophilique chez le chat, des cancers oraux, des résorptions dentaires, et bien d’autres choses.
Un examen instrumental pour juger de la perte d’attache dentaire
Il comporte aussi un examen instrumental avec une sonde, permettant de mettre en évidence des “poches parodontales” résultant de la destruction des structures d’attache d’une dent par les bactéries de la plaque dentaire, ou encore des furcations (mise à nu des racines d’une dent pluriradiculée), et ainsi évaluer la meilleure option selon la gravité de l’atteinte sous-jacente (traitement conservateur, extraction dentaire).


L'examen sous anesthésie: Une étape obligatoire
Des radiographies dentaires pour ce que les yeux ne peuvent pas voir
Enfin, il permet la réalisation de radiographies dentaires, étape parfois indispensable pour affiner le diagnostic, repérer des affections des racines ou des os de la mâchoire (infection, fracture pathologique, processus tumoral) quand la couronne de la dent concernée paraît saine, ou orienter le traitement pour choisir la meilleure conduite à tenir pour chaque situation (traitement conservateur, extraction dentaire).
Les étapes des soins dentaires professionnels
Souvent réduit à un "simple détartrage" dans l'esprit des propriétaires, les soins dentaires comportent en réalité d’autres étapes que nous allons détaillées ci-après:
Le détartrage supra gingival
Le détartrage sous gingival
Les soins spécifiques (curetages, extractions, lambeaux, etc.)
Le polissage
Le rinçage de la cavité buccale


Remarque: A l’heure où cet article est rédigé, la clinique n’est pas encore équipée d’un appareil de radiologie dentaire. Quand nos vétérinaires estiment une intervention trop risquée ou suspectent une pathologie en particulier, ils peuvent être amenés à vous référer vers un spécialiste en dentisterie pour la réalisation de radiographies dentaires ou des chirurgies maxillo-faciales spécialisées non pratiquées à la clinique.




Les racines de la dent sont apparentes, laissant passer la sonde parodontale de part en part, c’est ce qu’on appelle une furcation de stade 3.
source de l’illustration AFVAC
Pourtant, avec les molécules disponibles aujourd’hui et les anesthésiques volatils, les anesthésies sont beaucoup plus sûres qu’auparavant. Ce qui est certain en revanche, c’est que le risque anesthésique, s’il n’est jamais nul, augmente avec l’âge de l’animal, mais aussi avec l'intensité de sa douleur, et la durée des soins à lui prodiguer s’ils sont trop espacés les uns des autres. Mieux vaut une anesthésie courte, régulière et peu profonde pour un entretien, plutôt qu’une anesthésie longue, profonde parce que l’animal est douloureux avec des soins très invasifs du fait de la sévérité de la maladie parodontale, qui comme expliqué précédemment, a peut être déjà fragilisé des organes majeurs comme le cœur, les foie ou les reins, compliquant d’autant plus les suites opératoires.


67% des propriétaires sont gênés par l’haleine de leur chien, mais beaucoup repoussent les soins dentaires, par crainte de l’anesthésie.
Après ces étapes diagnostiques, les soins dentaires peuvent enfin être réalisés et consistent en un détartrage supra gingival (retirer le tartre présent sur la surface des dents, le tartre que vous voyez donc), un détartrage sous gingival (temps douloureux que vous n’appréciez pas du tout chez le dentiste, qui consiste à nettoyer l’espace sous la gencive), ainsi que les soins spécifiques selon les diagnostics précédents :
Curetage des poches parodontales mises en évidence
Extraction des dents présentant une atteinte avancée du parodonte, donc irréversible et potentiellement source d’infection pour les tissus de proche en proche, y compris les dents voisines et l’os de la mâchoire
Réalisation de lambeaux muco-gingivaux et sutures)
Enfin, l’étape du polissage permet de lisser la surface dentaire afin de retarder la formation d’un nouveau biofilm. Le rinçage quant à lui, élimine les débris riches en bactéries susceptibles de disséminer ces dernières.
Toutes ces étapes et ces observations permettent d’établir une charte dentaire qui permettra d’assurer le suivi de votre animal au fur et à mesure des différents soins dentaires au cours de sa vie, et de mesurer l’efficacité des soins entrepris à domicile entre deux soins professionnels.


Quelle que soit la qualité des soins professionnels prodigués, ils n’auront qu’un bénéfice très limité en l’absence de soins à domicile pour prendre leur relais.
Et inversement, les soins à domicile que nous allons voir par la suite, y compris le brossage ne suffisent pas, car ils ne permettent pas à eux seuls, un nettoyage sous gingival assez efficace pour ralentir la progression de la maladie parodontale.
Il s’agit donc là d’un véritable travail de collaboration entre le vétérinaire et vous pour maintenir la meilleure santé buccodentaire possible pour votre animal.
A retenir:


VI- Les soins dentaires à la maison
Les soins actifs: Le brossage
Les soins actifs nécessitent votre participation et consistent à brosser les dents de votre animal pour entretenir l’hygiène obtenue à la fin des soins professionnels en clinique jusqu’aux prochains soins à réaliser. Pour rappel, le brossage constitue la méthode de référence et la plus efficace pour une dispersion mécanique de la plaque dentaire, biofilm bactérien organisé sur une trame adhérente à la surface de la dent, seule responsable de la progression de la maladie parodontale.
Voici le tutoriel du brossage de dents chez le chien pour lui apprendre pas à pas à tolérer cette manipulation, issue de notre chaîne youtube: brosser les dents de son chien
Ainsi qu’un tutoriel chez le chat, réalisé par le Dr Cyril Berg, fondateur du groupement de cliniques Mon Chat & Moi: brosser les dents de son chat
Je vous conseille d’associer le brossage de dents à une récompense de haute valeur pour votre animal, ou une récompense qu’il n’a qu’à cette occasion, par exemple une friandise à mâcher pour les chiens, afin de créer une association positive, rendant l’expérience plus agréable pour votre animal.


A quelle fréquence dois-je brosser les dents de mon animal?
Certaines études montrent qu’avec la bonne technique, un brossage trois fois par semaine permet de maintenir des gencives saines, quand un brossage efficace quotidien permet de faire régresser le stade réversible de la maladie parodontale, la gingivite, si elle est déjà présente chez votre animal.
Il est recommandé de commencer à brosser les dents régulièrement de son animal dès l’âge de 6 mois, quand la denture permanente se met en place. Pour y parvenir, il convient d’habituer progressivement son animal, chien ou chat, dès le plus jeune âge à ce type de manipulations.
Quel matériel choisir?
Il est important de choisir une brosse à dents de taille adaptée au gabarit de votre animal. Une brosse trop grande serait irritante pour les tissus de la cavité buccale et donc inconfortable pour votre animal qui se laisserait moins faire, quand une brosse trop petite rendrait certainement votre brossage inefficace.
Choisissez une brosse à poils souples pour réussir à nettoyer le sulcus gingival, petit espace sous la gencive au contact de la dent, qui est le point de départ de la destruction du parodonte par les bactéries de la plaque dentaire.
Les brosses à dents pédiatriques pour nourrisson ou les brosses à dents chirurgicales 18/100 conviendront bien à des animaux de petite taille (chats ou petits chiens). Les brosses à dents spéciales animaux de fournisseurs reconnus et expérimentés pourront convenir à des animaux de plus gros gabarit.
En revanche, éviter l’utilisation de doigtiers parfois fournis dans les kits dentaires pour animaux de compagnie, en dehors de la phase d’apprentissage, car ils s’avèrent inefficaces pour le nettoyage de l’espace sous gingival.
Enfin, couplez l’utilisation de votre brosse à dents à poils souples de taille adéquate à un gel antiseptique à base de chlorhexidine spécialement formulé pour les animaux pour une action désinfectante en plus de l’action mécanique.
Les dentifrices pour humains sont à proscrire pour une utilisation chez nos animaux de compagnie, car ils contiennent des détergents et du fluor. Ils ne doivent donc pas être ingérés.
Comment procéder à un brossage efficace?
La technique de brossage de référence considérée comme la plus efficace à ce jour est la même que celle recommandée chez l’humain. Il s’agit de la technique de Bass modifiée dont vous pourrez visionner une vidéo à ce sujet chez l’humain en suivant le lien.
Pour l’appliquer, la brosse doit être tenue à un angle de 45 degrés par rapport à la dent, au niveau de la marge gingivale, en effectuant des mouvements circulaires. Le brossage peut être effectué avec la bouche fermée au départ, en accédant aux dents caudales (molaires et prémolaires) par l'intérieur de la joue. Les surfaces buccales des dents (contre les joues) sont les plus accessibles et les plus importantes à nettoyer, car ce sont elles qui accumulent le plus de tartre, mais il convient de brosser aussi les surfaces palatines et linguales lorsque l’animal le tolère.
Il est recommandé de brosser au moins 30 secondes par quadrant de mâchoire, soit un brossage de 2 minutes au total (quadrant supérieur droit, quadrant inférieur droit, quadrant supérieur gauche, quadrant inférieur gauche).




Les seuls aliments spécialisés pour la santé buccodentaire des chiens et des chats à ce jour sont produits par le groupe Hill’s et Royal Canin. Ces croquettes sont formulées de façon à ce que la croquette ne se brise que lorsque la dent s’enfonce profondément dans celle-ci. Ainsi, une action mécanique abrasive permet de “frotter” la surface de la dent jusqu’à la marge gingivale, permettant ainsi la réduction de la formation du tartre à hauteur de 36% selon les études.
C’est donc un complément des soins actifs assez efficace si l’animal prend le temps de bien mâcher ses croquettes.
Concernant les aliments classiques, croquettes standard ou pâtées, comme expliqué précédemment dans cet article, les études ne concluent pas à une différence significative en termes de réduction du tartre ou de stabilisation de la maladie parodontale, car les croquettes se brisent dès que la cuspide (pointe) de la dent arrive à leur contact. La ration ménagère quant à elle, aurait tendance à aggraver les problèmes de santé bucco-dentaire chez le chat, et les régimes de viande crue (BARF) retarderaient l’apparition du tartre sans toutefois permettre de réduire la gravité des parodontites liées aux attaques bactériennes, En outre, ce dernier mode d’alimentation présente un risque accru de fractures dentaires ou de contaminations bactériennes (salmonellose, entre autres) de l’animal et de son entourage.


La mastication et la salivation, réellement efficaces?
La mastication concerne principalement les chiens, car les chats n’ont pas tendance à mastiquer. Les différents produits à mâcher que l’on peut trouver, sticks, lamelles ou jouets ne se consommant pas, comme le bois d’olivier, ou des jouets type kong ou nylabone, ont essentiellement une action mécanique par frottement de la surface des dents utilisées pour cette activité, soit uniquement les dents caudales (prémolaires et molaires).
Cette activité peut donc être complémentaire des soins actifs (qui insisteront d’autant plus sur les dents rostrales, incisives et canines, qui ne sont pas utilisées pour la mastication), si tant est que votre chien y passe suffisamment de temps et soit intéressé par la mastication. En effet, si la lamelle est avalée en 1 minute chrono, ou que votre chien s’y intéresse une fois tous les 15 jours, cela n’a absolument aucun intérêt. Il n’y a donc pas une référence à recommander en particulier, car il faudra trouver celle qui intéresse le plus votre animal.
En revanche, une fois sa préférence trouvée, vous pouvez systématiquement lui en distribuer une à la fin du brossage de dents, en guise de récompense pour créer une association positive.
Attention toutefois, veillez à choisir des jouets pas trop durs car ils pourraient causer des fractures dentaires (et des potentiels corps étrangers si le chien arrive à en ingérer un morceau). Exemple, les bois de cerf.




Les soins passifs
Souvenez-vous que les soins passifs complètent les soins actifs à domicile, mais ne se substituent pas à eux. Si les dentistes avaient trouvé un chewing-gum ou un bain de bouche magiques plus efficaces qu’un brossage de dents, vous seriez certainement au courant!
L'influence de l'alimentation et l'alimentation spécialisée
Par ailleurs, la salive est un élément clé de la santé bucco-dentaire grâce à ses multiples fonctions protectrices: Elle assure un nettoyage mécanique, une action antimicrobienne, une protection immunitaire et une neutralisation des acides produits par les bactéries de la plaque dentaire, participant ainsi à la prévention des maladies dentaires et parodontales. La salive maintient un environnement buccal équilibré et sain.
De ce fait, toutes les activités permettant sa production comme les tapis de léchage, et bien sûr la mastication, peuvent concourir au maintien de la santé bucco-dentaire pour les chiens, comme pour les chats!
Les autres compléments qui peuvent aider.
Les autres compléments qui peuvent aider à entretenir une bouche saine se déclinent en:
solutions buvables à diluer dans l’eau de boisson
Poudres à déposer sur la gamelle
Friandises à donner sans action mécanique
Gels à appliquer sur les gencives sans brossage
Ces compléments ont différents modes d’action allant de la modification de la composition de la salive (pH), l’utilisation de plantes aux propriétés apaisantes ou anti-infectieuses, l’ajout de composés permettant de chélater (emprisonner) le calcium de la salive pour ralentir l’apparition du tartre ou le fer pour brider la croissance bactérienne, ou encore l’ajout d’un antiseptique comme la chlorhexidine.
Comme les autres soins passifs, ils sont complémentaires du brossage des dents mais ne se substituent pas à lui.
Veillez toutefois à choisir des compléments qui portent la mention “VOHC Accepted”. Le Veterinary Oral Health Council est un groupement de vétérinaires américains spécialisés en dentisterie qui apporte une validation scientifique indépendante de l’efficacité des produits testés.
Recherchez ce signe sur les packaging
Toutefois, certains produits disponibles en France ne sont pas commercialisés aux états unis et ne portent pas cette mention, faute de test. Aussi, n’hésitez pas à nous demander conseil pour estimer la fiabilité d’un fabricant afin d’être certain de ne pas aller dépenser de l’argent dans des produits inutiles au marketing trompeur et abusif..
Vous pouvez retrouver un certain nombre de ces produits pour chien ou pour chat en suivant les liens correspondant.
Conclusion
Si cet article n’a pas suscité une envie irrépressible de vous jeter sur votre brosse à dents, c’est que vous n’avez pas pris la mesure de l’ampleur du problème de santé publique que représente la maladie parodontale, aussi bien chez l’humain que chez l’animal.
Voici donc les éléments clés à retenir:


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