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Rudiments d’éducation canine

Pour partir sur de bonnes bases d'éducation avec son chien, qu'il soit chiot ou adulte, que vous en ayez déjà eu par la passé ou non, voici quelques éléments pour vous aider à forger une relation de confiance avec votre compagnon à 4 pattes au regard des dernières études d'éthologie et de sciences du comportement

COMPORTEMENT

DV Perrine Hébert

2/5/202240 min read

Introduction

Cet article a pour but d’aider les propriétaires de chiens qu’ils soient chiots ou adultes, dans les apprentissages de base à la maison. Il existe bien entendu des centaines de méthodes différentes et celle-ci n’est pas meilleure qu’une autre. Elle a simplement été approuvée par expérience personnelle et a pour vocation de vous aider à mettre en place quelques principes d’éducation positive pour les apprentissages courants que nous abordons souvent lors des consultations de primovaccination chiot. Ces consultations étant longues et riches en informations, je vous propose un résumé dans cet article.

Je ne peux que vous conseiller de lire l’article en entier bien entendu car de nombreuses sections se recoupent. Toutefois, comme il est très long, vous pouvez également vous reporter au sommaire pour consulter le paragraphe désiré.

Pour les propriétaires ayant plusieurs chiens, je vous conseille vivement de travailler vos chiens séparément pour avoir des conditions de concentration optimale. L’idéal étant que le chien qui ne travaille pas ne vous voit pas pour ne pas perturber votre séance par sa frustration.

L’éducation dès le plus jeune âge, si elle bien menée, permet d’éveiller votre chiot, de construire une relation de confiance et de complicité avec lui. Si vous adoptez un chien adulte, il est tout à fait possible de suivre ces conseils également, il faudra peut-être simplement les adapter en fonction du comportement du chien en réponse à vos demandes et peut-être aussi en fonction des traumatismes qu’il a pu connaître, ou de ses expériences passées en général.

Le but de l’éducation est de renforcer les comportements désirés, qu’ils soient proposés naturellement par le chien, ou au contraire acquis par apprentissage, et d’éteindre les comportements indésirables. Gardez toutefois à l’esprit qu’il est quasiment impossible d’éteindre totalement un comportement naturel du chien. Par exemple, les mordillements chez le chiot. L’éducation aura donc pour but dans ce cas d’apprendre au chien ce qu’il a le droit de mordiller ou non et de rediriger son attention, comme nous le verrons plus loin.

II. Comprendre le langage de votre chien

Avant de commencer, il est essentiel de savoir reconnaître les signaux de communication de votre chien (stress, peur, apaisement, menace, etc.) pour savoir quand arrêter un exercice et ainsi toujours éduquer son chien dans le respect et la confiance, afin d’obtenir toute sa motivation et sa coopération.

Signes d'inconfort sur ces photos: chien qui détourne la tête avec le blanc des yeux visible, se lèche les babines. Oreilles en arrière et baillement.

III. Les outils pour réussir
  1. Les récompenses

Elle est obligatoire pour entretenir la motivation de votre animal. Il est primordial d’identifier ce qui fait le plus plaisir à votre chien. Le plus souvent, il s’agit de récompenses alimentaires, mais parfois aussi de jeu (balle par exemple). Notez qu’il est rare que la caresse soit suffisante. Des caresses, votre chien en a de toute façon, et certains n’aiment pas cela plus que ça contrairement à ce que son maitre croit.

  • Lors d’un nouvel apprentissage, la récompense doit être systématique et survenir dès la première ébauche du comportement souhaité pour mettre votre chien sur la bonne voie. Ce n’est qu’une fois l’apprentissage acquis, que la récompense peut devenir aléatoire, et ce tout au long de la vie de votre chien, pour qu’il continue de répondre à vos demandes dans l’attente et l’espoir d’obtenir sa récompense. Ne perdez jamais de vue qu’un chien est un éternel opportuniste. S’il ne trouve pas d’intérêt à exécuter ce que vous lui demandez, il finira tôt ou tard par le faire à peu près, voire plus du tout, ou seulement s’il n’y a rien de plus intéressant à faire.

  • La valeur de la récompense : Il est important de pouvoir hiérarchiser ce qui plait le plus à votre chien (Par exemple: croquette habituelle < biscuit pour chien industriel < dé de fromage < dé de jambon) afin de garder sa motivation si la difficulté de l’exercice augmente.

Il ne s’agit pas de faire le même exercice pendant une demi-heure avec un chiot car vous perdrez sa concentration et sa motivation. Pour un bon apprentissage, les séances doivent être courtes, variées et répétées régulièrement. Vous verrez qu’au fur et à mesure, votre chien proposera de plus en plus de nouveaux comportements spontanément. Soyez patients et renforcez uniquement la bonne réponse sans jamais vous énerver. Vous ne feriez que lui faire perdre l’envie de vous proposer de nouvelles choses.

  1. La durée des séances

  1. La difficulté des séances

Il est important d’augmenter progressivement la difficulté de l’exercice pour éviter les situations d’échec. Par exemple, pour travailler le rappel, commencez dans un environnement peu stimulant comme la maison, ou le jardin. Une fois le rappel parfaitement maîtrisé dans cet environnement, recommencez dans un environnement avec plus de distractions, l’objectif ultime étant que votre chien puisse revenir quand vous l’appelez alors qu’il y a d’autres chiens dans les parages.

  1. Saisir le bon moment

N’essayez pas d’obtenir une réponse parfaite avant de récompenser. Encouragez chaque ébauche de bonne réponse avec une friandise immédiate. Ensuite, vous pourrez devenir plus exigeant.

L’entraînement au clicker peut permettre de « marquer » plus précisément le bon comportement. Pour cela, il faut déjà « armer » le clicker au préalable, en faisant comprendre au chien qu’un click = une friandise. Puis lors des séances d’éducation, clickez dès l’ébauche du bon comportement et récompensez derrière.

  1. Que faire en cas d'échec ?

Si votre chien ne propose pas la bonne réponse, il est probable qu’il n’ait pas compris votre demande ou que l’objectif à atteindre soit trop compliqué.

  • Essayez de mieux décomposer l’exercice. Par exemple, si le harnais lui fait peur, focalisez-vous déjà sur le fait de passer la tête volontairement dans un anneau très lâche formé par une écharpe ou une grande laisse qui n’enserrent pas le cou du chien. Puis serrez la boucle au fur et à mesure, et enfin réessayez avec le harnais à grand renfort de récompenses à chaque fois que votre chien fait preuve de bonne volonté.

  • Revenir aux bases : Si votre chien n’arrive pas à comprendre votre demande malgré tout, revenez sur un exercice connu et maîtrisé qui pourra être récompensé afin de ne pas générer une frustration et un désintérêt de sa part. Vous réessaierez plus tard, lors des prochaines séances

  1. Le niveau d'exigence

Votre exigence doit être adaptée à l’âge de votre chien, à son niveau de dressage et de motivation. Si votre chien est déjà bien avancé en éducation, votre exigence peut être plus importante. En effet, si vous récompensez l’approximation du comportement désiré, votre chien sera seulement « à peu près » éduqué et vous obéira uniquement si ce qu’il avait prévu de faire est moins intéressant.

  1. La cohérence

Utilisez un mot unique par exercice. Toujours le même. Pour tous les membres de la famille. Plus vos phrases seront courtes, mieux elles seront comprises.

IV. L'aide des éducateurs

Les méthodes d’éducation ont énormément évolué dans les dernières décennies, parallèlement aux dernières découvertes concernant le comportement de nos animaux de compagnie. Aussi est-il important de s’entourer de professionnels avec des méthodes respectueuses et des connaissances récentes. Exit les colliers étrangleurs, les martinets et autre punitions physiques, les notions de hiérarchie et de dominance inter-spécifique (manger après vous, ne pas monter sur le canapé, etc.). Si vous tombez sur un professionnel qui utilise encore ces méthodes et ces notions, je vous conseille de trouver quelqu’un d’autre.

Outre l’aide apportée pour décrypter le comportement d’un chien et vous aider à instaurer un cadre sain pour de meilleures relations avec votre chien, les éducateurs en positif font soit des cours collectifs par âge (école du chiot) ou niveau d’éducation, ou ont à disposition un réseau de propriétaires de chiens permettant des balades collectives canines (il existe aussi quelques groupes de balades collectives sur les réseaux sociaux).

Ces activités sont essentielles pour dépenser et travailler la sociabilisation de votre chien dès son plus jeune âge.

V. Couvrir les besoins de son chien

Avant même de l’éduquer, il faut veiller à couvrir les besoins de votre chien. Ses besoins de dépense physique, mais aussi ses besoins de dépense intellectuelle. Cela passe donc aussi par l’apprentissage de l’ennui, de la solitude et de l’autonomie.

Couvrir les besoins de votre chien, c’est l’emmener se promener, lui accorder du temps de qualité et des interactions sociales que ce soit avec l’humain ou avec ses congénères.

Alors imaginez à l’échelle d’une vie ?

A tous ceux qui me répètent: « Oh mais je n’ai pas besoin de le sortir, j’ai un grand jardin », je pense que les différents confinements liés à la crise sanitaire vous auront démontré qu’il y a de quoi déprimer ou devenir fou par manque d’activité et de stimulation.

Nos animaux domestiques passent déjà une bonne partie de leur journée seuls à attendre que l’on rentre du travail pour la plupart. Vous devez donc impérativement lui offrir un moment privilégié à votre retour à la maison, tous les jours. Une promenade, si possible avec une partie en liberté, pour se dépenser, renifler, marquer. Toutes ces activités sont essentielles pour le bien-être de votre chien.

Les interactions sociales peuvent être un moment de jeu (balle, frisbee, jeu d’intelligence), d’apprentissage (travailler un nouveau tour, ou retravailler des choses déjà vues y compris la marche au pied ou le rappel par exemple), de câlins ou de toilettage (brosse), etc. Il peut également s’agir de donner rendez-vous à un copain-chien dont vous connaissez le propriétaire pour une séance de jeu entre congénères.

Cependant, dans le cadre de l’apprentissage, il est important d’envisager ce type d’interactions dans de bonnes conditions afin que ces moments soient agréables pour tout le monde. N’essayez pas de demander de la concentration à votre chien directement à votre retour à la maison. Il est joyeux, il aura d’abord besoin de vous retrouver et de se dépenser.

Concernant la dépense intellectuelle, beaucoup de jeux d’intelligence sont accessibles à des prix raisonnables dans les animaleries. Ils permettent à votre chien de réfléchir pour accéder à une ou plusieurs friandises cachées à l’intérieur du jouet. L’utilisation du flair du chien est également une activité qui lui demande beaucoup de concentration. C’est pourquoi le pistage ou mantrailing, même amateur, est une excellente activité pour dépenser intellectuellement votre chien. Beaucoup de stages sont désormais accessibles au public dans toutes les régions de France. Enfin, travailler ou retravailler quelques minutes par jour divers apprentissages pour votre chien avec friandises à la clé, permettra d’augmenter sa capacité de concentration et sa propension à proposer spontanément de nouvelles choses lorsque vous voulez lui apprendre quelque chose de nouveau. Cela peut passer du simple changement de positions (assis, couché, debout), à des petits tricks amusants comme « roule », « rampe » ou le « pan, t’es mort ! », mais aussi à des apprentissages utiles comme vous rapporter un objet (clés, chaussons, etc.).

Jeux avec des congénères, promenades, pistage, détection, apprentissages de nouveaux tours, nosework sont autant d'activités qui dépensent votre chien physiquement et mentalement

Tapis de fouille et puzzle feeders pour stimuler l'intelligence de votre chien

VI. La propreté

Contrairement aux autres apprentissages, il est important de comprendre que la propreté ne s’acquiert pas en quelques jours. En effet, un chiot de 2 mois est dans l’incapacité physiologique de se retenir 8 heures d’affilée. Des accidents sont donc tout à fait normaux, même si le principe de propreté est compris par votre chien.

Pour apprendre la propreté à un chien, je vous conseille :

  • De toujours accompagner votre chien (ce qui est obligatoire pour un chien vivant en appartement mais pas forcément pour un chien vivant en maison)

  • De sortir toujours par la même issue, afin que le chien apprenne au fur et à mesure à aller se placer devant l’issue en question pour signifier qu’il a envie de sortir (il faudra bien renforcer ce comportement par une récompense).

  • D’accompagner son chien en laisse jusqu’à l’endroit où il a le droit de faire ses besoins (une zone en particulier du jardin, ou en dehors de votre terrain) Pensez à ramasser les déjections au fur et à mesure, c’est obligatoire en ville, et c’est recommandé aussi dans votre terrain car cela évitera la coprophagie du chien et limitera les infestations parasitaires.

  • D’associer un mot à cette action, par exemple : « nom du chien + fais tes besoins »

  • De récompenser systématiquement avec une récompense alimentaire le fait de faire ses besoins dehors pour accroître la motivation du chien à faire ses besoins à l’extérieur.

  • De ne pas rentrer immédiatement après les besoins pour éviter que votre chien qui apprécie ce moment privilégié avec vous n’apprenne à se retenir de faire dehors pour prolonger ce moment et ainsi, dans certain cas, faire dès le retour à la maison.

Si vous trouvez une flaque d’urine ou des selles à la maison, sans avoir vu faire votre chien, contentez-vous de nettoyer cet incident sans rien dire. Si en revanche, vous prenez votre chien sur le fait, vous pouvez le surprendre (avec un bruit inhabituel, une onomatopée, frapper dans ses mains, etc.) sans le gronder, pour l’interrompre et le porter (si son gabarit le permet encore) dehors. Attendez alors qu’il reprenne ce qu’il était en train de faire et récompensez chaleureusement avec une friandise et des encouragements à la voix.

Remarque 1 : Personnellement, je n’utilise pas la méthode consistant à disposer des alèses en intérieur pour apprendre au chien à aller faire à cet endroit. Hormis si vous utilisez une litière (ne concerne que les petits chiens uniquement) par la suite, elle ne fait que rallonger l’apprentissage de la propreté à mon sens.

Remarque 2 : Les chiens qui vivent à l’extérieur uniquement (vivement déconseillé à cause du manque d’interactions sociales) ou à qui le maître laisse un accès libre à l’extérieur ont un apprentissage beaucoup plus long de la notion de propreté. Je ne saurais que vous conseiller de réaliser d’abord le processus d’apprentissage ci-dessus, avec votre chiot, même si votre chien est amené à vivre essentiellement à l’extérieur par la suite.

VII. Le Rappel

C’est l’un des apprentissages les plus importants à travailler dès le départ et à répéter tout au long de la vie de votre chien pour avoir de longues balades sereines en liberté.

Le rappel consiste à ce que le chien revienne vers vous immédiatement lorsque vous l’appelez en cas de danger, en cas de croisement de piétons, d’un autre chien, ou à l’abord d’une route à la fin d’un chemin. Votre chien doit donc interrompre sa course pour faire demi-tour et revenir vers vous rapidement.Le rappel sera d’autant plus difficile à obtenir si votre chien est très indépendant ou s’il chasse spontanément car le fait de courir après une proie est un excellent renforçateur.

Il est primordial de commencer cet apprentissage dans un environnement connu, donc moins stimulant pour votre chien. Accroupissez-vous et appelez votre chien par son nom en tapant éventuellement dans vos mains avec une voix très joyeuse. Utilisez une grande longe de 10 m pour l’inciter doucement à revenir vers vous s’il ne revient pas spontanément. Récompensez avec une friandise de haute valeur et laissez-le repartir immédiatement après.

Le secret d’un bon rappel, c’est de laisser son chien retrouver sa liberté dans la majorité des cas car la liberté constitue un très bon renforcement positif.

Vous pouvez également travailler cet apprentissage en renforçant avec une friandise chaque retour spontané de votre chien vers vous, ainsi qu’en pratiquant le suivi naturel, c’est-à-dire ne pas appeler votre chien à un croisement de chemins s’il est devant vous, le laisser se tromper, prendre de l’avance et se rendre compte que vous avez pris un chemin différent. Renforcez généreusement lorsqu’il vous rattrapera au bout de quelques dizaines de mètres sur le bon chemin. Au fur et à mesure, votre chien sera plus attentif à vous, et attendra de voir quel chemin vous allez prendre au lieu de partir loin devant. Vous pouvez aussi pratiquer des parties de « cache-cache » avec votre chien.

Une fois le rappel parfaitement exécuté dans un environnement peu stimulant, augmentez la difficulté de l’exercice en travaillant dans un espace clos (champ en dehors des périodes de culture par exemple), mais en liberté ; puis dans un espace ouvert avec quelques distractions (forêt); et enfin à terme dans un espace en présence de piétons et d’autres chiens. Vous pouvez sécuriser chaque progression grâce à la grande longe de 10-15 mètres laissée lâche derrière le chien.

Si votre chien se retrouve en échec, repassez au niveau précédent puis recommencez. Veillez aussi à avoir des friandises de haute valeur pour rendre le fait de revenir vers vous plus attractif que l’endroit qu’il avait prévu de renifler, ou le chien qu’il a repéré au loin.

Remarque : Les longes en biothane sont souples et imputrescibles, elles sont résistantes et se nettoient très facilement lorsqu’elles ont trainé dans la boue. On en trouve facilement sur des longueurs de 5, 1O ou 15 mètres. C’est un investissement sûr, qui vous servira également si vous envisagez de vous mettre au pistage.

VIII. La marche en laisse

Avoir un collier et une laisse n’est pas du tout naturel pour le chien. Il est probable qu’il tire dans la direction opposée si vous exercez une traction dans un sens. C’est pourquoi, personnellement, je travaille toujours la marche au pied en liberté, le suivi naturel et la désensibilisation à la laisse et au collier avant de commencer la marche en laisse. Bien sûr, dans quelques cas d’urgence, vous serez obligé d’exercer une traction sur la laisse pour l’empêcher d’aller dans un endroit dangereux, comme une route par exemple. Aussi, je vous invite à toujours vérifier votre matériel avant même de sortir de l’enceinte de la maison : votre collier doit être suffisamment ajusté pour qu’il ne passe pas par-dessus la tête de votre chien, même en cas de forte traction (réaction de peur, écart). Dans l’idéal, je vous conseille même des harnais à double point d’attache, un sur le poitrail, un sur le dos, avec une laisse à deux mousquetons pour avoir deux points d’ancrage sur votre chien en cas de réaction brutale. Cela permettra d’éviter qu’il ne vous échappe malencontreusement.

Remarque : N’oubliez pas que cet exercice demande beaucoup de concentration à votre chien. Il doit être suivi par une période de « non-travail » pendant laquelle le chien a le droit de faire ce qu’il veut, idéalement en liberté, ou en grande longe lâche (à garder dans un sac-à-dos pour prendre le relai à la fin de l’exercice).

  1. Le suivi naturel et la marche au pied

Commencez par travailler en liberté dans le jardin ou dans un espace clos la marche à côté de vous sur quelques pas en donnant l’ordre « au pied » par exemple, tout en tenant une friandise à hauteur du nez de votre chien. Récompensez au bout de quelques pas et recommencez, recommencez, recommencez. Une fois que votre chien vous suit pendant au moins une minute ou deux, vous pourrez passer à l’étape marche en laisse après la désensibilisation à la laisse et au collier.

  1. La désensibilisation au collier

Personnellement, je laisse systématiquement un collier à mes chiens, même au repos à la maison, avec une médaille comportant leur nom, leur numéro de puce, et un numéro de téléphone. Passés les premiers grattages liés à la nouveauté, le collier est généralement très bien accepté et la désensibilisation se fait d’elle-même. Je vous conseille toutefois d’éviter les colliers en nylon qui peuvent brûler à force de frottement, ainsi que tous les colliers réglables en tissu ou les colliers tressés qui vont se détendre et passer par-dessus la tête du chien. Privilégiez les colliers en cuir ou assimilé (non extensible) qui permettent un ajustement parfait en rajoutant des trous si nécessaire et qui n’irritent pas la peau.

  1. L'apprentissage de la marche en laisse

  1. La désensibilisation à la laisse

Vous pouvez, dans un premier temps, laisser une cordelette légère d’environ 80 cm, attachée au collier de votre chien, traîner derrière lui sous surveillance, par petites sessions d’un quart d’heure ou de demi-heures, pour qu’il s’habitue à cette chose étrange qui vient lui caresser le dos, ou parfois s’emmêler dans ses pattes, ou se coincer dans les meubles. Réitérez l’exercice jusqu’à ce qu’il ne soit plus paniqué quand la laisse le touche ou qu’elle se coince, et qu’il soit à l’aise en cas de légère tension (main douce qui suit le mouvement du chien). La désensibilisation est alors terminée.

Concernant le choix de la laisse, je vous déconseille les laisses à enrouleur, même pour les chiens de petits gabarits, qui sont peu pratiques à manier et n’apprennent pas à votre chien à marcher sans tirer. J’affectionne plus les laisses dites « 3 points » qui comportent deux mousquetons à chaque extrémité, et des anneaux d’attache permettant de régler la longueur de la laisse selon le besoin.

Une fois la marche au pied en liberté acquise, il est très simple de passer à la marche en laisse, car l’attention de votre chien est focalisée sur vous. La seule chose qui change cette fois, c’est que votre chien est relié à vous par le biais de la laisse.

Si le chien tire en avant, je vous conseille de vous arrêter ou de faire demi-tour autant de fois que nécessaire. Dès que votre chien a marqué l’arrêt et qu’il n’y a plus de tension sur la laisse, refaites quelques pas en répétant « au pied », ordre que vous aurez travaillé au préalable comme dans le paragraphe ci-dessus. Faites des sessions courtes récompensées par un peu de liberté et de « non-travail » où votre chien peut renifler, marquer et trottiner où bon lui semble. Cette méthode peut être assez longue, et si elle est insuffisante sur votre chien, je vous conseille de passer à l’étape suivante.

Si la technique de l’arrêt ou du demi-tour est insuffisante, je vous recommande d’investir dans un harnais avec un point d’attache sur le poitrail et un point d’attache sur le dos, qui doit être lui aussi parfaitement ajusté. Il en existe des multitudes comme le Truelove Country Plus, le Rabbitgoo, l’Animalin, etc. Lorsque votre chien marche correctement c’est la partie de la laisse attachée sur le dos qui prime, contact détendu, souple et sans tension. Récompensez régulièrement avec une friandise de courtes séquences (d’abord 10 mètres, puis 20, puis 30, etc.). En revanche, si votre chien tire, prenez le relai avec la partie de la laisse attachée au poitrail (d’où l’intérêt d’avoir une laisse avec deux mousquetons) : La traction induite par le chien va l’obliger à tourner vers vous grâce au point d’ancrage sur le poitrail. Associez chaque demi-tour vers vous et relâchement de la tension à l’ordre au pied. Si le chien ne tire plus sur quelques mètres, récompensez généreusement.

Laisse Halti Zooplus

Harnais Truelove Country plus

IX. Les mordillements

Remarque : Je déconseille les os de manière générale, même les fémurs de bœuf, car ils représentent encore aujourd’hui le premier motif de chirurgies digestives sur corps étrangers.

De même pour les cornes de buffle ou les sabots de veau. Attention également aux fractures dentaires avec des jouets trop durs !

Les mordillements constituent un comportement tout à fait naturel chez le chiot, car c’est leur principal mode d’interactions avec le reste de la portée et leur mère. Les mordillements vont également s’accentuer pendant la période de changement de dentition (passage des dents de lait aux dents permanentes), soit à partir de l’âge de 3-4 mois chez le chien et jusqu’au milieu ou à la fin de la puberté. Il est donc important que vous intégriez que vous ne pourrez pas faire totalement disparaître ce comportement. En revanche, vous pourrez apprendre à votre chien ce qu’il a le droit de mordiller ou pas.

Lorsque le chiot vous mordille, vous ou un autre membre de la famille, c’est un appel au jeu, il sollicite ainsi votre attention (comme les aboiements, ou le fait de vous sauter dessus). Il est donc nécessaire de lui apprendre que ce n’est pas la bonne façon de vous solliciter. Comment ? En ne répondant absolument pas à ce type de sollicitations. Comme pour les aboiements, vous allez ignorer totalement le chien qui vous agrippe le pantalon ou vous mordille les mains, soit en restant immobile, soit en vous déplaçant lentement et dans le calme, sans un regard pour votre chien, sans une parole et surtout sans le repousser avec les mains car tout ceci signifie pour lui qu’il a réussi à attirer votre attention, et donc que les mordillements fonctionnent.

En contrepartie, dès les premières secondes d’interruption de ce comportement, parce qu’il s’arrête de lui-même, parce qu’il a été distrait, ou une pour une autre raison, il faut lui accorder l’attention qu’il recherche ! Sans pour autant augmenter trop son degré d’excitation mais instaurez un contact visuel, physique, parlez-lui, caressez-le, jouez même, par l’intermédiaire d’une peluche, d’une grosse corde ou d’une balle à faire rouler doucement sur le sol.

En revanche, si le chien ne s’arrête pas de lui-même, isolez-le jusqu’à l’obtention de quelques secondes de calme, ou appliquez les astuces décrites dans le paragraphe concernant les aboiements ci-après.

Pour combler le besoin de mordiller de votre chien, offrez-lui des jouets adaptés comme un nylabone (os en nylon aromatisé dont la dureté, l’arôme et la taille peuvent être choisis), du bois d'olivier, des grosses cordes, fromage de yack s'il n'a pas d'intolérance alimentaire.

Tous ces jouets doivent être utilisés sous surveillance et immédiatement remplacés s'ils sont détériorés.

X. Les aboiements

Pour travailler les aboiements, il s’agit tout d’abord de comprendre pourquoi votre chien aboie ?

Est-ce par excitation au moment où vous attrapez la laisse pour le sortir, au moment où vous préparez sa gamelle, ou lorsque vous rentrez après une longue absence ?

Est-ce par peur lorsque des inconnus voudraient s’approcher de lui pour le caresser, ou lorsque vous le laissez seul à la maison ? Je vous renvoie pour cela au paragraphe sur l’apprentissage de la solitude ainsi que celui sur la désensibilisation.

Est-ce lorsqu’il aperçoit un autre chien au loin ? Auquel cas il peut s’agir soit d’agressivité liée un défaut de sociabilisation, de frustration car il n’a pas accès à son congénère pour aller jouer, ou de peur également liée à un défaut de sociabilisation. Je vous renvoie pour cela au paragraphe sur la sociabilisation.

Enfin, aboie-t-il en courant le long du portail toute la journée ? Dans ce cas, votre chien manque probablement d’activité physique et mentale. Il s’ennuie. Je vous renvoie pour cela au paragraphe s’intitulant couvrir les besoins de son chien.

Chaque situation va donc nécessiter un apprentissage un peu différent. Dans le cas d’un chiot, il s’agit souvent d’excitation ou de jeu. Il convient alors de leur apprendre que pour obtenir notre attention, ils doivent être calmes. L’apprentissage peut être très rapide si vous êtes précis et que vous tenez bon sur les premiers jours.

Tout d’abord, restez parfaitement indifférent à ses vocalises. Ne lui accordez aucune attention, même un regard. Si les vocalises s’accompagnent d’un chien qui vous saute dessus, déplacez-vous lentement sans le repousser avec les mains (cela constitue un appel au jeu pour le chien).

Si le chien s’arrête parce qu’il voit que cela n’a pas d’emprise sur vous, parce qu’il s’est fatigué ou parce que quelque chose d’autre l’a distrait, récompensez immédiatement avec une friandise et accordez lui l’attention tant recherchée une petite minute, puis repartez. Vous pouvez également associer un mot au fait qu’il arrête d’aboyer disant d’une voix guillerette « oui c’est bien silence + nom du chien».

Recommencez dès que la situation se représente. Il va s’arrêter de plus en plus rapidement.

Si le chien ne se calme pas de lui-même alors que vous l’avez ignoré quelques minutes, vous pouvez l’isoler dans une petite pièce peu stimulante (couloir, wc) dans laquelle il ne peut pas vous voir et attendre qu’il se calme (les premières fois, cela va prendre un moment, et il est probable que les premières minutes, il fasse encore plus de bruit !).

Restez à proximité, ouvrez-lui, récompensez-le et accordez-lui de l’attention dès quelques secondes de calme dans un premier temps. Ne soyez pas trop exigeants au départ, c’est la répétition de la séquence « tu ne calmes pas – tu n’as plus mon attention / tu es isolé versus tu es calme – je m’occupe de toi » qui va lui permettre de comprendre ce que vous attendez de lui.

Attention toutefois aux renforçateurs indirects comme le fait de lui dire » chuuuuuuut », de lui attraper le museau pour lui fermer la bouche, ou de le toucher de manière générale, car l’attention que vous accordez à votre animal dans ces moments là est un puissant encouragement à recommencer à aboyer pour vous faire vous baisser à sa hauteur, le toucher ou lui parler quand les aboiements surviennent pour attirer votre attention.

Le secret de la réussite est de réagir toujours de la même façon, au bon moment, et de répéter la séquence complète.

XI. Les chiens qui sautent sur les jambes

Les sauts constituent une manifestation de joie et d’excitation au même titre que les aboiements et les mordillements.

Il convient donc d’y réagir de la même façon que ce qui a été décrit dans les deux paragraphes précédents.

Lorsque vous arrivez à la maison le soir, votre chien peut manifester sa joie, si son excitation n’est pas trop débordante. C’est-à-dire s’il remue la queue et vient se frotter à vos jambes sans sauter, vous pouvez lui faire un gros câlin.

Si au contraire, il vous fait mal et n’arrive pas à se contrôler, restez immobile et impassible jusqu’à ce qu’il propose de lui-même de s’asseoir ou de se coucher. Vous pouvez lui demander calmement de s’asseoir ou de se calmer, et ne répondre à sa demande d’attention que s’il obtempère.

Mais ne lui demandez pas de se tenir immobile trop longtemps, n’oubliez pas que ses heures d’attente en votre absence ont été particulièrement longues.

Une fois ces apprentissages maîtrisés avec les adultes de la famille, procédez de même avec vos enfants en leur expliquant comment faire. Il est souvent plus difficile de canaliser l’énergie de votre chien avec les enfants, car ils crient, courent ou font de grands gestes, ce qui est une formidable invitation au jeu pour votre chien.

XII. La socialisation et la sociabilisation

Petit point sur l’école du chiot:

Toutes les écoles du chiot ne se valent pas. Si la séance consiste à lâcher des chiots tous ensemble sans gérer leurs interactions, c’est alors une très mauvaise idée! Les chiots ne savent pas gérer leurs émotions. Laisser les chiots excités ou harceleurs aller embêter non-stop les chiots timides, peureux ou tout simplement plus calmes, c’est un raccourci direct vers les problèmes de réactivité entre congénères plus tard. Si en revanche la séance consiste à apprendre le calme en présence d’autres chiens, alors c’est super, foncez. Gardez donc un esprit critique envers l’activité que l’on vous propose et surveillez attentivement l’état émotionnel de votre chien lors des séances. Si elles génèrent des émotions trop intenses (surexcitation, stress, peur, frustration, etc.), arrêtez tout immédiatement!

La socialisation, c’est exposer son chien aux différents stimuli qu’il va rencontrer dans sa vie et lui faire découvrir le monde (les bruits de la ville, de la campagne, de la maison comme l’aspirateur, le sèche-cheveux par exemple). La socialisation concerne également les autres espèces : chats, poules, rongeurs, etc. Ainsi que l’espèce humaine (jeunes enfants si vous n’en avez pas à la maison, personnes âgées avec une canne, bref, tout ce qui peut sembler inhabituel pour le chien). La période de socialisation est très courte et court jusqu’à l’âge de 16 semaines (soit 4 mois). Au-delà, il sera plus compliqué que votre chien n’ait pas peur des nouveaux stimuli. Une fois la socialisation faite, elle est acquise pour la vie.

La sociabilisation en revanche, c’est le fait de rendre votre chien sociable, c’est-à-dire qu’il acquière la capacité de vivre en groupe, qu’il s’agisse d’autres chiens, ou d’humains (s’adapter à la vie de famille). Elle se travaille tout au long de la vie du chien, car la désociabilisation vis-à-vis de ses congénères est malheureusement tout à fait possible : Si vous prenez l’habitude de vous crisper et de tirer sur la laisse chaque fois qu’un chien arrive en face, que vous empêchez votre chien d’aller voir son congénère, ou que vous vous fâchez, votre chien va associer la présence d’autres chiens au stress, à la peur, et à un panel de choses négatives (voire la punition comme le coup de collier dans les cervicales par exemple). Il va alors développer un comportement de méfiance puis d’agressivité vis-à-vis de ses congénères.

Si vous ne pouvez aborder le contact avec un autre chien dans le calme, en liberté ou avec une laisse détendue pour ne pas biaiser le langage corporel de votre propre chien, je vous conseille de vous faire encadrer par un professionnel pour désamorcer la désociabilisation de votre chien qui est en bonne voie et pouvoir rétablir des bases de communication saines.

La sociabilisation est essentielle dès le plus jeune âge du chien. D’abord, concernant sa propre espèce : communication avec les congénères, acquisition des autos-contrôles et des codes propres à l’espèce canine. Cette sociabilisation est à maintenir tout au long de la vie du chien si vous voulez avoir un chien détendu qui ne vous arrache pas le bras à chaque fois qu’il voit un chien sur le trottoir d’en face, ou éviter les bagarres, attaques et accidents.

Comme expliqué précédemment, elle peut se réaliser grâce aux écoles du chiot, ou par le biais de promenades collectives canines encadrées par un professionnel, ou avec des propriétaires avertis, aux chiens équilibrés. L’autre avantage de croiser d’autres chiens régulièrement, c’est que cet évènement sera moins extraordinaire pour lui s’il est devenu une habitude. Il sera donc beaucoup plus facile de le faire revenir si son besoin social est régulièrement couvert.

Attention, cependant, il y a une petite subtilité : Sociabiliser ne signifie pas forcer le contact.

Notamment pour les chiens peureux. Il est essentiel de respecter le rythme du chien et enseigner à ses enfants ou aux personnes que l’on croise dans la rue et qui veulent caresser votre chiot trop mignon, que le chien n’a pas forcément envie de contact. Pour interpréter les signaux de votre chien je vous renvoie au paragraphe comprendre le langage de votre chien.

La sociabilisation est un succès lorsque votre chien parvient à se sentir à l’aise en présence d’autres chiens, d’humains étrangers à la famille, et agir comme à son habitude. Il ne doit être ni inhibé par la peur, ni au contraire ingérable par un trop grand degré d’excitation.

Chien timide qu'il ne faut pas forcer à avoir des contacts

Chien qui appréhende le contact: posture d’évitement, se lèche les babines. Voici le parfait exemple du chien pour qui la caresse n’est vraiment PAS une récompense!

Une séance de mise en contact avec un adulte équilibré, qui communique clairement et calmement vaut cent fois mieux qu’une mauvaise école du chiot qui peut traumatiser votre chien à vie, ou au contraire lui apprendre à être surexcité dès qu’il voit un autre chien.

XIII. La désensibilisation et la gestion des peurs
  1. La cohérence

Remarque : Le bruit de la tondeuse peut être imité par une brosse à dents électrique, le contact avec l'otoscope ou le coupe griffe avec un objet métallique comme une cuillère à soupe par exemple

La désensibilisation consiste à augmenter la tolérance de votre chien à un stimulus ou une situation qu’il juge inconfortable ou qui lui fait peur, mais également à le rendre indifférent dans des situations qui génèrent excitation ou frustration.

Pour ce faire, il convient de décomposer la situation problématique en petites séquences à travailler au fur et à mesure jusqu’à ce que votre chien soit parfaitement à l’aise.

Exemple : si votre chien craint le bruit et la foule, ne commencez pas par l’emmener au marché. Vous obtiendrez l’effet inverse de celui escompté !

Commencez par travailler dans un endroit rassurant pour votre chien comme la maison, avec des stimuli progressifs comme de la musique de plus en plus forte au fur et à mesure des séances, des bruits désagréables comme taper sur des casseroles, d’abord dans la pièce à côté puis de plus en plus proche.

Également avec le bruit de la brosse à dent électrique, le sèche-cheveux ou l’aspirateur. Si votre chien reste calme et immobile, arrêter le bruit et récompensez à la voix et avec une friandise. Au contraire, s’il est déjà paniqué, rajoutez une étape au processus : trouvez un stimulus moins fort, augmentez la distance par rapport à votre chien et réessayez jusqu’à ce que votre chien ne réagisse pas.

Vous pouvez également lui proposer une occupation agréable pendant l’exercice comme un Kong® fourré avec de la pâte de viande ou du kiri, un tapis de léchage avec de la pâtée, pour l’inviter à se détendre plus facilement et ne pas focaliser son attention sur l’objet de ses peurs. Votre chien doit être capable de manger en présence du stimulus, si ce n'est pas le cas, cela signifie qu'il est trop stressé et qu'il faut mieux décomposer l'exercice et descendre d'un palier de difficulté.

Une fois ces différentes étapes parfaitement maitrisées, essayez les rassemblements de personnes tout en restant d’abord à bonne distance (marché, proximité d’école au même moment que les récréations, parc fréquenté, etc.). Placez-vous suffisamment loin pour que votre chien soit à l’aise, récompensez et essayez de réduire la distance au fur et à mesure

XIV. L'apprentissage de la solitude et de l'autonomie

Apprendre à son chien à être plus autonome ne signifie pas que vous pouvez le laisser seul 8 heures par jour toute la semaine, puis rentrer vous coucher.

Votre chien a besoin de contact social. Je vous renvoie pour cela au paragraphe s’intitulant couvrir les besoins de votre chien.

La plupart des propriétaires aime que leur chien soit très attaché à eux, et qu’il les suive partout (parfois même jusqu’aux toilettes ou dans la salle de bain), qu’il soit « pot-de-colle ». Mais l’envers du décor de ces situations du quotidien, c’est que lorsqu’il est seul, le chien manifeste beaucoup de détresse et d’anxiété, soit en vocalisant, soit en détruisant, et parfois jusqu’à l’automutilation tant son mal-être est important. Lui apprendre à être plus autonome, c’est lui permettre de vivre plus heureux et plus serein en toutes circonstances.

Savez-vous réellement ce que votre chien fait en votre absence ? Aujourd’hui, on peut facilement trouver des caméras sur secteur qui fonctionnent avec le wifi et sont consultables à distance sur votre smartphone pour avoir une idée de ce que votre chien fait quand il est seul.

Comment apprendre à son chien à être autonome? Comme toujours, il existe différentes méthodes :

  • Vous pouvez renforcer le fait qu’il s’isole spontanément dans une autre pièce ou qu’il trouve une occupation tout seul. Laissez-lui également un peu d’autonomie en promenade en liberté, quand il prend un peu (pas des kilomètres !) d’avance pour aller renifler à droite, à gauche (trouvez un juste milieu qui vous convienne).

  • Vous pouvez lui apprendre à rester sur son tapis (ou n’importe quel lieu facilement déplaçable et identifiable. Personnellement, j’utilise un tapis de bain) : d’abord, en lui demandant de s’asseoir dessus une seconde, puis récompensez. Puis, en reculant de quelques pas, face au chien, en associant un mot comme « reste » par exemple ou « pas bouger », et en lui demandant de tenir la position quelques secondes avant de donner un ordre d’interruption qui signe la fin de l’exercice, comme « c’est fini ». Augmentez la distance entre vous au fur et à mesure, n’oubliez jamais d’interrompre vous-même l’exercice et de récompensez généreusement. Au fur et à mesure de l’apprentissage, votre chien proposera spontanément d’aller se placer sur son tapis. Renforcez, et interrompez.

  • Vous pouvez lui proposer une occupation agréable sur son tapis (Kong® fourré, tapis de fouille, tapis de léchage, etc.) dans une autre pièce, ou si c’est trop difficile, en augmentant au fur et à mesure la distance avec vous.

  • Vous pouvez repenser totalement le mode de distribution de la nourriture en utilisant des jouets distributeurs comme le Kong Wobbler® (existe en grand et en petit modèle) ou le Pipolino, pour ne citer que ceux-là. Cela aura pour avantage d’améliorer la satiété de votre chien au quotidien en augmentant significativement la durée des repas et donc de mieux gérer son poids. Mais cela va aussi permettre de lutter contre l’ennui. Habituez-le progressivement à ce type de distribution en intégrant une partie de sa ration, d’abord en votre présence, pour que cette action ne soit pas systématiquement associée à votre départ, puis en votre absence. Il m’arrive régulièrement de donner l’intégralité de la ration répartie dans différents jouets pour recréer le comportement naturel lié à la recherche de la nourriture une partie de journée.

Grâce au développement du télétravail, il est aujourd’hui plus facile de ne pas laisser son chien seul trop longtemps. Et si vous ne faites pas partie de ceux qui télétravaillent, il existe diverses solutions : étudiants ou pet-sitters professionnels qui se déplacent à domicile pour venir sortir votre chien, un membre de la famille ou un ami qui habite près de chez vous, un de vos enfants s’ils sont au moins au collège pour pouvoir le sortir en rentrant, et si vous avez sympathisé avec un propriétaire lors de balades collectives, vous pouvez établir un roulement pour vous rendre des services mutuels en fonction de vos emplois du temps respectifs.

Enfin, il existe aussi des garderies de jour pour les chiens qui, bien que représentant un certain budget, permettent à la fois de lutter contre l’ennui, dépenser votre chien, et travailler sa sociabilisation !

XV. Faire lâcher un objet

Votre chien vous a encore piqué une chaussure et vous n’arrivez pas à l’attraper pour lui retirer ? Quel magnifique renforcement positif vous lui donnez là, en lui courant après et en criant, lui qui n’arrivait pas à capter votre attention pour pouvoir jouer avec vous ! Alors à moins d’avoir un budget chaussure illimité car si vous continuez de réagir ainsi, cela va devenir une habitude pour lui, je vous invite plutôt à lui proposer une activité ou un autre objet de substitution pour qu’il lâche votre chaussure facilement et sans dégât.

Mais si vous voulez que cette astuce fonctionne, cela implique lui accorder quelque chose qui a plus de valeur que ce qu’il est déjà en train de faire : soit un vrai moment de jeu avec vous, soit un jouet vraiment très attirant pour compenser (une balle à friandises, un nylabone, un Kong® fourré, etc.).

Dès que votre chien a lâché, dites-lui « c’est bien, lâche, + nom du chien » et récompensez en jouant ou avec une friandise.

Quand il s’agit de faire lâcher la balle à votre chien pour la relancer, le principe est simple : S’il ne lâche pas, le jeu s’arrête ! Ne lui courez pas après car on en revient à une forme de jeu, qui certes ne vous convient pas à vous, mais lui convient peut-être à lui. Faites un troc entre la balle et une friandise en disant le mot « lâche » et relancez immédiatement quand vous avez obtenu le lâcher.

Attention à ne pas sortir la friandise trop tôt, car il est probable que votre chien pose la balle loin de vous pour venir chercher la friandise. Ne récompensez que la séquence complète « je vais chercher la balle ; je la rapporte ; je la lâche ».

XVI. Désamorcer la protection de ressource

La protection de ressource fait partie du répertoire de comportements normaux du chien. Elle ne régresse pas avec la violence, au contraire elle s'aggrave à cause d'elle, mais grâce à la confiance!

Si malgré différents essais, vous trouvez que votre chien ne progresse pas dans le bon sens, ne tardez pas à vous faire encadrer par un professionnel compétent pour éviter les accidents.

La protection de ressource se définit par la défense quoi qu’il en coûte (grognement, claquement de dents, morsures, attaques) d’une chose que votre chien veut garder pour lui. Cela peut concerner un objet, de la nourriture, un os que vous lui avez donné, un jouet qu’il aime beaucoup, l’accès à un lieu (le portail, la porte de la maison), ou bien une personne (son maître, un enfant de la famille dans laquelle il vit). Elle fait partie du répertoire comportemental inné du chien, mais peut devenir dramatique si elle est mal gérée car la simple menace de départ peut vite se transformer en morsure d’un humain ou bagarres entre congénères.

Cette possessivité s’aggrave en cas d’antécédents traumatiques chez le chien, de malnutrition, mais aussi en cas de frustrations répétées lors d’une mauvaise gestion du lâcher d’objets comme expliqué dans le paragraphe précédent, ou encore par manque d’activité. En effet si votre chien s’ennuie, il va probablement plus défendre ses seules ressources d’occupation. C’est pourquoi, il est primordial que l’intervention de l’humain pour détourner l’attention d’un objet accaparé par votre chien soit positive. Le chien doit comprendre que l’approche de l’humain signifie « obtenir quelque chose de mieux » et non pas « on me retire mon jouet sans contrepartie ».

Si vous souhaitez travailler cet aspect avec votre chien, vous pouvez commencer avec un objet qui n’a pas beaucoup de valeur à ses yeux. Donnez-le-lui. Puis demandez-lui de le lâcher en échange d’une friandise. Et enfin rendez-lui l’objet. Répétez sur de courtes séquences, mais régulières. Par la suite, augmentez la valeur de l’objet.

Si vous souhaitez travailler autour de la nourriture, proposez d’abord à votre chien d’interrompre son repas pour une surprise dans une gamelle que vous allez placer un peu à distance de sa gamelle actuelle. Au fur et à mesure de sa progression, vous pourrez rapprocher sa gamelle, et, à terme, l’interrompre pour poser la surprise directement dans sa gamelle. Ensuite, laissez-le finir son repas sans le déranger.

Si votre chien montre des signes de stress ou de menace, ne vous fâchez surtout pas. Vous ne feriez qu’aggraver ce phénomène et lui donner raison de se méfier de l’approche de l’humain. Recommencez l’exercice avec une autre ressource de moindre valeur à ses yeux, et une récompense qui lui fait vraiment plaisir.

XVII. Les bases du medical training

Contrairement à ce vous croyez peut-être, le medical training ne va pas uniquement rendre service à votre vétérinaire. Il va également vous permettre d’effectuer les premiers soins à la maison, en cas de blessure (évaluer l’urgence, désinfecter, faire un pansement), mais aussi la bonne réalisation des soins du quotidien (nettoyer les oreilles, couper les griffes) et l’administration des traitements (donner des comprimés, mettre des gouttes dans les yeux ou dans les oreilles).

Le medical training passe aussi par confiance. Nous recommandons régulièrement aux propriétaires de nouveaux chiens de passer à l’occasion d’une balade avec leur compagnon, à l’accueil de la clinique pour recevoir un bonbon, une caresse et ainsi s’habituer à venir pour des choses plus positives et agréables qu’une piqûre. Tous ceux qui ont joué le jeu sont extrêmement surpris des résultats et soulagés de voir que leur animal vient avec plaisir chez le vétérinaire. Bien que cela prenne du temps, le jeu en vaut la chandelle

Le medical training s’appuie sur la désensibilisation progressive aux manipulations de toutes les parties du corps (la bouche, les yeux, les oreilles, les pattes) de votre chien à grand renfort de récompenses en cas de coopération de sa part.

Dans un premier temps, travaillez le contact des mains avec une zone en particulier. Insistez sans forcer jusqu’à obtenir quelques secondes d’immobilité, puis récompensez. Répétez. Une fois cette étape maîtrisée, travaillez le contact et l’ébauche d’une manipulation (approchez un flacon fermé et remuez-le, touchez la patte avec le coupe-griffe, etc.). Soyez patient, répétez. Ne soyez pas trop gourmand pendant une séance pour ne pas agacer votre chien. Il vaut mieux y revenir plus tard.

Vous pouvez même entraîner votre chien à se laisser brosser les dents, ce qui est recommandé au quotidien pour ralentir la progession de la plaque dentaire, ou encore l’habituer à la tondeuse pour soigner ou toiletter.

XVIII. Quand l'éducation ne suffit plus

Cet article s’efforce de vous prodiguer des conseils généraux qui s’appliquent pour des chiens qui manquent simplement d’éducation sans toutefois souffrir de vrais troubles comportementaux. Seulement, si vous avez beau être patients et appliqués et que rien n’y fait ; Si votre chien dort peu, détruit, n’arrive pas à apprendre ou à surmonter certaines peurs, il est possible qu’il souffre d’une pathologie comportementale comme un déficit de l’attention, une hyperactivité, une sociopathie, des phobies, etc.

Or, bon nombre de pathologies comportementales bloquent totalement les capacités d’apprentissage.

Un diagnostic doit alors être établi par un vétérinaire spécialisé en comportement, afin de déterminer si un traitement médical est nécessaire. Certains traitements sont temporaires et facilitent le réapprentissage dans de bonnes conditions, quand d’autres troubles du comportement nécessiteront des traitements à vie, au contraire. L’important est que vous réagissiez avant de ne plus être en mesure de supporter votre chien, ou d’avoir un accident.

N’hésitez pas à nous solliciter pour vous diriger vers les bons professionnels.

XIX. Pour éviter les accidents, éduquez aussi les enfants !

Beaucoup de vidéos montrant des scènes soit disant « mignonnes » d’un enfant avec un chien sont partagées et repartagées sur les réseaux sociaux : Le bébé qui s’approche en rampant d’un chien qui fait 3 fois sa taille et s’agrippe à ses poils pour se mettre debout; Le petit de 3 ans qui fait du poney sur le dos du chien; Les enfants qui veulent être pris en photo dans le panier du chien; etc. Essayez maintenant de regarder ces vidéos d’un oeil neuf, à la lueur de votre nouvelle compétence pour lire les signaux du chien? Combien ne montre aucun signe d’inconfort pendant ces séquences? … Quasiment aucun!

Il peut être parfaitement sociabilisé et adapté à la vie de famille, vous lui en demandez peut-être simplement trop. Il est essentiel d’apprendre à vos enfants à respecter le chien pour leur sécurité et le bien de votre chien.

L'aggravation par les réseaux sociaux

Ne reprochez pas à un chien d'être un chien

Il est interdit de déranger un chien pendant qu’il dort tranquillement dans son panier, ou pendant qu’il mange.

Surveillez les signaux de communication qu’il envoie (voir le paragraphe sur le langage du chien), s’il montre des signes d’inconfort, demandez aux enfants de ne pas l’importuner. Idem si le chien s’est déplacé plusieurs fois gentiment pour se mettre à l’écart, demandez aux enfants de ne plus aller le déranger.

Cela implique évidemment que le chien ne soit jamais seul sans surveillance avec les enfants, aussi gentil soit-il !

Enfin, une fois que les enfants sont en âge d’y parvenir et que votre chien maîtrise à la perfection avec vous, apprenez à vos enfants à faire ces mêmes exercices avec le chien.

Pour renforcer leur relation de confiance. Pour mieux communiquer. Pour une bonne harmonie familiale.

XX. Gérer les friandises et le poids de votre chien

Depuis le début de cet article, vous lisez « récompensez, récompensez, et récompensez encore » et vous vous dites : « Mais mon chien va devenir obèse ! ».

J’entends souvent cette remarque un peu inquiète en consultation.

Généralement, la période d’éducation intense est corrélée à la croissance du chiot, donc à un métabolisme élevé qui brûle facilement les calories. Il est d’ailleurs rare (mais pas impossible) de voir un chiot en surpoids. De plus, pour les apprentissages de la vie courante, vous pouvez tout à fait utiliser une partie de la ration de croquettes prévue pour votre animal en guise de récompenses et garder des friandises de plus hautes valeurs pour les exercices qui mettent votre chien en difficulté ou nécessitent une grande motivation.

En outre, il existe différents types de récompenses dont l'apport calorique va considérablement varier.

Voici une liste des densités énergétiques de différents types de récompenses:FriandisesCalories:

  • 1 friandise Royal Canin Educ : 3 kcal / bonbon

  • 100g de Biscrok de Pedigree: 365 Kcal

  • 100 g de knackis: 274 Kcal

  • 100 g de jambon blanc: 134 kcal

  • 100g d'emmental: 380 Kcal

  • 100g de friandises canard séché Calibra Joy: 234 Kcal

  • 100g de friandises bâtonnet de saumon Calibra Joy: 286 kcal

Si votre chien a des problèmes de surpoids, l’apport calorique généré par une quantité connue de récompenses peut être intégré dans son calcul de ration et déduite de sa ration de croquettes, les jours d’entraînement.

Pour l’éducation, j’affectionne les bâtonnets de saumon, d’agneau ou de boeuf Calibra Joy® car ils peuvent se découper en tout petits morceaux, ou, pour varier, j’utilise des quarts de rondelles de Knackis®. L’apport calorique est donc tout à fait raisonnable.

Enfin, rappelons qu’une fois l’apprentissage parfaitement acquis, la récompense peut devenir aléatoire. Elle peut aussi être représentée par l’interruption de l’exercice et une session de jeu si votre chien a une activité favorite.

Conclusion

La liste des apprentissages présentés dans cet article est bien entendu non exhaustive. Vous voici maintenant paré pour apprendre de chouettes tours à votre compagnon et retrouver avec lui le goût de la liberté en toute sérénité. N’hésitez pas à nous faire part de vos difficultés en consultation, nous prenons toujours le temps pour vous faire une démonstration ou essayer de trouver une solution!