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Les idées reçues en nutrition canine et féline

Voici une liste non exhaustive d’idées reçues sur l’alimentation du chien et du chat qui reviennent souvent en consultation. Peut-être y trouverez-vous des réponses à vos interrogations ou cela permettra-t-il de casser des habitudes que vous pensiez justes. S’il persiste des doutes ou des inquiétudes, n’hésitez pas à nous en parler en consultation.

NUTRITION

DV Perrine Hébert

1/14/202223 min read

SOMMAIRE

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  1. IDEES RECUES COMMUNES AUX DEUX ESPECES

    1. Les croquettes sans céréales sont meilleures pour mon animal

    2. Les croquettes vétérinaires sont plus chères que celles vendues sur internet

    3. Le B.A.R.F est meilleur que les croquettes

    4. Le pH gastrique acide des carnivores détruit toutes les bactéries

    5. Un carnivore ne doit manger que de la viande

    6. Les glucides sont toxiques et vont rendre mon animal diabétique

    7. La pâtée va faire grossir mon animal

    8. La pâtée favorise le tartre

    9. Je peux couvrir les besoins en calcium de mon animal avec des laitages

    10. Les croquettes vétérinaires sont faites pour rendre mon animal malade, et que j’achète plus de traitements

    11. J’ai toujours nourri mes animaux comme ça et ils ont vécu super vieux

    12. Une ration ménagère équilibrée, c’est 1/3 de viande, 1/3 de féculents et 1/3 de légumes

    13. Pour faire maigrir mon animal, je vais juste réduire la ration de ses croquettes habituelles

    14. Les croquettes à base d’insectes sont plus écologiques

    15. Il se régule tout seul

    16. Si la prise de sang de mon animal est bonne, alors il n’a pas de carences

  2. IDEES RECUES EN NUTRITION CANINE

    1. Mon chien est en surpoids, pourtant il ne mange qu’une fois par jour

    2. Un chien de grande race a besoin d’être supplémenté en calcium et en phosphore pendant sa croissance

    3. Je donne un Dentastix tous les jours à mon chien pour ses dents

    4. Il faut supplémenter en calcium pour redresser les oreilles de mon chiot

    5. Mon chien n’est pas sédentaire, je le sors matin, midi, et soir pour ses besoins

  3. IDEES RECUES EN NUTRITION FELINE

    1. Un chat doit boire du lait

    2. Non ce n’est pas du gras, c’est sa « poche primordiale »

    3. Non Docteur, il n’a pas grossi, c’est son poids d’hiver

    4. Il est impossible de faire maigrir un chat

    5. Un chat doit avoir à manger à volonté

  1. IDEES RECUES COMMMUNES AUX DEUX RACES
  1. Les croquettes sans céréales sont meilleures pour mon animal

Dans les gammes sans céréales, l’amidon qui est le liant de la croquette et lui donne sa forme et sa texture, provient d’autres sources que le blé, le maïs ou le riz. Mais elles en contiennent bien ! Et les marques « sans céréales » jouent sur cette confusion. Dans la majeure partie des cas, il s’agit de pommes de terre, de légumineuses (pois, lentilles, …), ou de patate douce, etc. Le taux d’amidon n’est pas communiqué sur l’étiquette de l’aliment mais on peut calculer le taux d’ENA (amidon + fibres solubles) (cf. comment choisir de bonnes croquettes pour mon chien) Et dans la plupart des cas, il est égal ou supérieur aux croquettes de bonne qualité dont l’amidon est fourni par les céréales.

D’autre part, l’alimentation sans céréales est une mode relativement récente qui véhicule des allégations souvent mensongères en faisant appel à l’alimentation ancestrale et « naturelle » du chat et du chien. Lors de leur domestication, il y a des milliers d’années, le chat et le chien ne mangeaient pas plus de pois, de lentilles ou de patates douces qu’aujourd’hui ! Et de nombreuses fouilles archéologiques ont révélé la présence de céréales dans des fossiles de fèces de l’ancêtre du chien et du chat tels qu’on les connait. Ils possèdent tous deux un gène capable de produire une enzyme qui digère l’amidon, sécrétée par le pancréas (chat et chien) et dans la salive (chien seulement).

Ce type d’alimentation commence à révéler quelques limites avec l’apparition de certaines pathologies directement imputables à l’alimentation sans céréales comme le développement de certaines pathologies cardiaques (cardiomyopathie dilatée parfois réversible par changement d’aliment) chez le chien et le chat, ou l’apparition de cristaux urinaires d’oxalate de calcium avec certains ingrédients comme la patate douce. La prudence est donc de mise par manque de recul. Mieux vaut se fier à un aliment dont la composition est parfaitement connue et maîtrisée parce qu’il est produit depuis des décennies et amélioré suite aux conclusions de centaines d’études scientifiques fiables et reproductibles.

FAUX ! De nombreuses cliniques vétérinaires travaillent aujourd’hui avec des sites partenaires comme Myvetshop, Chronovet ou Vetoavenue pour ne citer que ceux-là, qui vous permettent d’avoir un aliment vétérinaire à un tarif compétitif par rapport à celui proposé sur des sites d’animalerie en ligne. L’avantage de ces sites, c’est la certitude concernant la provenance de l’aliment, puisque ces sites se fournissent dans nos centrales d’achat de médicaments. En outre, vous bénéficiez d’un conseil vétérinaire personnalisé et adapté à votre animal par l’équipe de la clinique qui le suit habituellement. Enfin, la livraison est gratuite dans la clinique partenaire de votre choix. Il ne vous reste plus qu’à passer récupérer votre sac à l’accueil, aux horaires d’ouverture habituels.

A titre d’exemple :

tarifs datant de janvier 2022

  • Le prix d’un aliment chat adulte stérilisé en sac de 2,5 kg de la marque Hill’s sur kalivet est à 10,3€/kg contre 10€/kg pour un sac de 2,5 kg d’aliment chat adulte stérilisé de la marque Purizon + 4,99€ de frais de port sur un célèbre site d’animalerie en ligne commençant par « z » soit, au total, 12€/kg prix global.

  • Le prix d’un aliment porc & volaille français chien adulte grande race en sac de 12 kg de la marque Virbac est à 4,41€/kg sur Kalivet contre 4,33€/kg (livraison offerte pour ce conditionnement) pour un sac de 12kg de Carnilove Adult Large Breed saumon & dinde toujours sur le même site d’animalerie en ligne.

Les coûts sont donc tout à fait comparables, voire moins chers que sur les sites d’animalerie dans certains cas avec, en prime, une qualité avérée et un conseil médical personnalisé.

Remarque 1 : Il vaut mieux toujours privilégier les conditionnements les plus gros pour avoir un prix au kilo plus bas, tout en restant sur un conditionnement adapté au nombre d’animaux que vous avez à la maison pour éviter une perte de la qualité nutritive si le sac reste ouvert trop longtemps (oxydation). Veillez également à conserver votre aliment dans son emballage d’origine en faisant sortir un maximum d’air, et en enfermant le tout dans un container à croquettes placé dans un endroit sec et tempéré.

Remarque 2 : Si vous comparez avec un aliment bas de gamme de supermarché avec un prix avoisinant les 2€ au kilo ou moins, évidemment, il n’y a pas de miracle, mais vous pouvez vous douter qu’à ce prix-là, la qualité est clairement catastrophique et la composition inadaptée à votre animal.

  1. Les croquettes vétérinaires sont plus chères que celles vendues sur internet
  1. Le B.A.R.F. est meilleur que les croquettes

Le B.A.R.F est une alimentation à base de viande crue, d’abats, d’aliments et de légumes crus, de laitages, d’os charnus et souvent, mais pas toujours, une absence de céréales. Les risques liés à cette alimentation sont nutritionnels et sanitaires.

D’abord nutritionnel, car les rations de B.A.R.F sont très souvent déséquilibrées, soit à cause d’un manque en certains éléments (notamment en zinc, en cuivre, acides gras essentiels par exemple) créant des carences sur le long terme, soit par excès en certains éléments (calcium, phosphore, vitamine A, …). Ce mode d’alimentation est difficile à maîtriser et à équilibrer au quotidien, même avec un encadrement professionnel.

Ensuite sanitaire, car le risque de contaminations bactérienne et parasitaire liées aux diverses manipulations et préparation, et au mauvais respect de la chaîne du froid est élevé. C’est pourquoi, il est particulièrement dangereux pour les personnes immunodéprimées, en cours de chimiothérapie, les jeunes enfants, les femmes enceintes, etc. Nous recommandons vivement de congeler la viande au moins une quinzaine de jours pour s’affranchir du risque parasitaire, ainsi qu’une cuisson à cœur (au moins 70°c pendant quelques minutes) pour réduire le risque de contamination bactérienne.

Quant aux rations B.A.R.F toutes prêtes que l’on peut trouver dans le commerce, elles sont elles aussi forcément déséquilibrées par absence de personnalisation au cas de votre animal, et toujours carencées en vitamines, oligo-éléments et acides gras essentiels tout en étant assez caloriques.

« Quelle est l’alternative possible alors si je veux donner une alimentation « naturelle » à mon animal ? » Nous vous recommandons une ration ménagère à base de viande ou de poisson mais cuits, d’un complément minéral et vitaminé (CMV), de légumes, de féculents, de laitages, d’huile de poisson et de colza, et parfois de fruits, qui sera calculée sur mesure pour votre animal et couvrira tous ses besoins nutritionnels ! (cf.article dédié)

  1. Le pH gastrique acide des carnivores détruit toutes les bactéries

Encore une idée reçue qui va souvent de pair avec les adeptes du B.A.R.F et pourtant c’est bien faux !

Si vous donnez une ration contaminée, les selles seront contaminées. Et cela a été prouvé dans de nombreuses études grâce à des analyses de selles d’animaux domestiques nourris au B.A.R.F. Certes, le ph gastrique sur un estomac plein est inférieur au nôtre, et c’est encore plus vrai chez le chat. Il est également vrai que la plupart de ces animaux n’exprimeront pas une salmonellose ou une listériose comme un humain le ferait, mais il n’en reste pas moins qu’ils sont contaminants et représentent alors une « arme biologique » dangereuse pour les jeunes enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées.

  1. Un carnivore ne doit manger que de la viande

Et non ! L’ingestion d’une proie ne correspond pas à un repas de viande uniquement. Les os contiennent du calcium, du phosphore, les abats des vitamines, les yeux des acides gras essentiels, la peau, les poils et le contenu du tube digestif, des fibres parmi beaucoup d’autres choses. Un régime à base de viande (muscle) crue ou cuite est donc totalement déséquilibré et dangereux pour votre animal.

Le régime alimentaire d’un carnivore doit couvrir ses besoins en protéines, en graisses, en acides gras essentiels, en vitamines, en minéraux, en fibres et ainsi de suite, soit par le biais d’un aliment complet sous forme de croquettes ou de pâtée, soit par le biais d’une ration ménagère complétée d’un CMV (Complément Minéral et Vitaminé).

Remarque : Le chien est un carnivore à tendance omnivore et a un besoin protéique 4 à 6 fois supérieur à celui d’un humain. Le chat, lui, est un hypercarnivore avec un besoin protéique 6 à 8 fois supérieur au nôtre.

  1. Les glucides sont toxiques et vont rendre mon animal diabétique

FAUX ! Des milliers d’années de domestication du chien et du chat les ont rendus capables de digérer l’amidon en sécrétant une enzyme appelée amylase produite par le pancréas. Certes, l’amylase du chat est moins efficace que celle du chien, et le régime alimentaire du chat doit voir sa teneur en glucides réduite par rapport à celle du chien. Mais l’amidon constitue une source d’énergie facilement utilisable par l’organisme et moins couteuse que les protéines, et moins calorique que les lipides. D’autres glucides sont aussi essentiels à nos animaux de compagnie, comme les fibres insolubles (cellulose) qui participent au transit, à la bonne digestion et nourrissent la flore digestive; ou les fibres solubles, essentielles à la régulation de la glycémie. Ils ne sont donc pas à diaboliser absolument !

Si la ration d’une chienne allaitante ou en gestation manque de glucides, on peut observer une mortinatalité plus importante par exemple. De même, s’ils sont absents de la ration d’un chaton ou d’un chiot en croissance, ces derniers perdront leur capacité à fabriquer de l’amylase, les exposant ainsi à des problèmes de mal-digestion chronique tout au long de leur vie, ou une perte de chance concernant la gestion de certaines pathologies grâce aux glucides. En effet, certaines pathologies ne peuvent être stabilisées que grâce à un apport adéquat en glucides spécifiques.

En revanche, en proportion trop importante, les glucides augmentent la densité énergétique de l’aliment, c’est-à-dire la quantité de calories qu’il apporte pour une ration donnée, favorisant ainsi le risque de surpoids. Et c’est bien le surpoids qui favorise le développement du diabète, des maladies cardio-vasculaires, des troubles ostéoarticulaires. Pas les glucides! Si votre animal est déjà diabétique en revanche, il faudra absolument limiter l’apport de certains glucides comme l’amidon, et à l’inverse, enrichir la ration avec certains glucides spécifiques, comme les fibres solubles.

C’est pourquoi, il est important de veiller à garder votre animal à son poids de forme. Je vous invite vivement à lire nos articles sur la gestion du poids chez le chien et le chat, afin de savoir évaluer la corpulence de votre animal et de gérer son poids sans l’affamer ou augmenter sa frustration et le risque de troubles comportementaux qui en découlent.

  1. LA PÂTEE VA FAIRE GROSSIR MON ANIMAL

La pâtée de gamme vétérinaire constitue un aliment complet 4 fois moins calorique que les croquettes à poids équivalent. Mais elle doit être formulée et choisie pour convenir au stade de vie de votre animal, et à ses besoins particuliers (par exemple hypocalorique si votre animal est en surpoids). Elle est un excellent allié pour la perte de poids car son volume et sa richesse en eau permettent de rassasier l’animal. Elle est aussi recommandée en ration mixte chez le chat (croquettes + pâtée) pour contrecarrer le fait que le chat est un « petit buveur » et réduire ainsi les risques de cystite ou troubles urinaires et rénaux.

Mais la pâtée est aussi tout à fait adaptée au chien et peut être donnée en remplacement d’une partie de la ration de croquettes pour rassasier votre animal, augmenter l’appétence de la ration, tout en maitrisant l’apport calorique global sur la journée pour éviter tout surpoids.

D’autre part, leur teneur en glucides est généralement réduite par rapport aux croquettes, pour celles et ceux qui voudraient les éviter.

Il existe beaucoup de pâtées de bonne qualité pour animal en bonne santé mais aussi déclinées en aliments diététiques (troubles digestifs, insuffisance rénale, diabète, etc.) accessibles également en clinique ou sur les sites partenaires cités ci-dessus.

En revanche, nous vous mettons en garde contre les pâtées de grande distribution qui pour augmenter leur appétence ont souvent des teneurs en sodium très élevées et qui peuvent être très déséquilibrées ou trop caloriques.

Retenez que ce n’est pas parce qu’un aliment plait à votre animal qu’il est bon pour lui, exactement comme pour nous !

Pâtée : environ 1Kcal/g

Croquettes : entre 3 et 4 Kcal/g

  1. La pâtée favorise le tarte

C’est plutôt le manque de croquettes dans une ration et donc le manque d’action mécanique par frottement sur les dents qui favorise le tartre. Toutefois, il existe d’autres moyens de prévenir l’apparition de la plaque dentaire. Je vous invite pour cela à lire l’article dédié à la santé bucco-dentaire par ici !

En revanche, si vos animal souffre de certaines pathologies buccales, elle peut être déconseillée.

  1. Je peux couvrir les besoins en calcium de mon animal avec des laitages

En théorie oui, en pratique non !

Pourquoi ? car les besoins en calcium du chien et du chat sont 10 fois supérieurs aux nôtres. Pour couvrir les besoins en calcium d’un chat adulte en bonne santé, il faudrait lui faire avaler 5 yaourts natures par jour. Et pour couvrir les besoins en calcium d’un chien de 20kg, il faudrait lui donner 1,250 kg de fromage blanc chaque jour.

Autant dire, mission impossible !

C’est pourquoi l’usage d’un complément minéral et vitaminé (CMV) est obligatoire pour équilibrer une ration ménagère, et même une ration mixte, c’est-à-dire une partie croquettes/une partie ration ménagère.

  1. Les croquettes vétérinaires sont faites pour rendre mon animal malade

Vraiment ? Si vous pensez réellement une telle chose, il n’y a rien que nous puissions dire ou faire pour vous convaincre de notre bonne foi. Et cela me blesse d’avoir à l’inclure dans cet article, mais cette idée reçue circule sur certains réseaux sociaux. Notre équipe composée de vétérinaires et d’assistants est passionnée et engagée dans le bien-être et les soins qu’elle apporte aux animaux. Elle a à cœur la bonne santé de votre animal mais aussi des nôtres. Nous ne ferions jamais quoi que ce soit qui puisse aller contre ça, et je pense pouvoir parler au nom de la profession en disant que personne ne choisirait un cursus aussi long et difficile pour empoisonner sciemment un animal quand notre premier rôle est de soigner, soulager et guérir.

  1. J'ai toujours nourri mes animaux comme ça et ils ont vécu super vieux!

Il y a des gens qui fument et qui boivent de l’alcool toute leur vie et qui vivent très vieux également. Cela ne prouve pas pour autant que c’est bon pour la santé et que c’est une recommandation à suivre.

Le but de cet article est de rétablir des vérités pour essayer de répondre au mieux aux besoins nutritionnels du chat et du chien.

  1. Une ration ménagère équillibrée, c'est 1/3 de viande, 1/3 de légumes, 1/3 de féculents

FAUX ! Une ration ménagère comprend de la viande ou du poisson cuits ou parfois crus, des abats de temps en temps, des légumes, des féculents, des acides gras essentiels, un complément minéral et vitaminé (CMV) mais aussi parfois des fruits, des laitages. Le tout en proportions relatives différentes selon le stade de vie de votre animal, son mode de vie, sa corpulence. Elle est donc propre à chaque animal à un instant « t » et ne peut pas être généralisée ou reproduite pour un cas différent.

Bien équilibrée, elle est en revanche un excellent allié dans la gestion du poids de votre animal, car elle représente un gros volume grâce à sa composition à partir d’aliments frais, donc riches en eau. De plus, elle est plus appétente qu’une croquette ou autre aliment industriel, même complet.

Pour en savoir plus, je vous invite à lire l’article dédié à la ration ménagère ici.

  1. Pour faire maigrir mon animal, je vais juste réduire la ration de ses croquettes habituelles.

Tout dépend de l’espèce pour commencer : La perte de poids ne s’effectue pas tout à fait de la même façon chez le chien et le chat qui n’ont pas le même comportement alimentaire, ni le même besoin protéique. Et cela dépend également de la quantité de poids à perdre pour rattraper un poids de forme. Si le surpoids est supérieur à 15%, votre animal est considéré comme souffrant d’obésité et cela demande une prise en charge spécifique pour éviter les dérèglements et conséquences qui vont de pair avec cette maladie.

Dans la majorité des cas, il est déconseillé de garder l’aliment habituel pour faire maigrir son animal (sauf aliment thérapeutique spécifique pour gérer une autre pathologie). D’abord parce qu’en réduisant la ration dans sa globalité, votre animal aura faim, vous mènera au mieux une vie d’enfer ou peut, au pire, développer des troubles du comportement ; mais aussi parce qu’en réduisant la ration, vous réduisez l’apport en protéines, essentielles au régime alimentaire du chien et du chat comme nous l’avons vu précédemment, et que vous risquez de créer une carence délétère pour son organisme.

Il vaut mieux utiliser un aliment dédié à la perte de poids qui sont enrichis en protéines et en fibres pour quand même garder un volume de croquettes conséquent, et donc gérer sa satiété tout en couvrant les besoins de votre animal, et en évitant la fonte musculaire liée à une perte de poids trop rapide ou un régime déséquilibré. La perte de poids doit être progressive et encadrée pour que vos efforts soient payants tout en vous assurant de ne pas mettre votre animal en danger.

Une nouvelle alimentation n’est pas la seule mesure à mettre en place dans le cadre d’un amaigrissement. Pour découvrir toutes les choses à mettre en œuvre pour faire maigrir votre animal et réussir à évaluer sa corpulence, vous pouvez lire l’article sur la gestion du poids du chien et du chat.

  1. Les croquettes à base d'insectes sont plus écologiques

Malheureusement, la réponse est non. Seules des parties de l’animal que nous ne consommons pas (de facto appelés « sous-produits » à partir du moment où elles sont destinées à l’alimentation animale, même s’il s’agissait d’un filet entier de poulet par exemple) sont utilisées en industrie petfood. Les considérations écologiques concernant l’impact de la production de viande à l’heure actuelle ne sont donc pas imputables à l’alimentation de nos animaux de compagnie, contrairement à un élevage d’insectes créé spécifiquement pour cet usage.

  1. Il se régule tout seul

Si votre animal ne finit pas sa gamelle en une fois mais prend du poids d’année en année après ses 1,5 ans (approximativement le moment où il a son poids de forme si la croissance s’est bien déroulée), alors il se régule mal ! Le suivi du poids s’effectue entre autres au moment de la visite vaccinale annuelle de votre animal. Un chat qui aurait pris 500g en une année est l’équivalent d’un humain qui aurait pris entre 7 et 10 kilos !

Pour rappel, 59% des chiens et 63% des chats sont en surpoids au niveau mondial, et il vaut mieux agir en prévention qu’en correction !

  1. Si la prise de sang de mon animal est bonne, alors il n'a pas de carence

Malheureusement non. Les analyses de routine en clinique concernent essentiellement l’hématologie (nombre de globules rouges, globules blancs, plaquettes, etc.), la biochimie (pour vérifier le fonctionnement des reins, du foie, du pancréas, la glycémie, etc.) Il existe des prises de sang en laboratoires externes pour doser les vitamines, le cuivre, le zinc, le calcium et ainsi de suite, mais là encore, elles n’apporteront pas de réponse. En effet, le corps est une machine tellement performante et complexe, qu’il trouvera toujours une solution pour contrecarrer un manque ou un excès en essayant de réduire les dommages collatéraux, jusqu’à un état d’épuisement extrême et irréversible, sans que cela ne se voit aux analyses. Par exemple, pour lutter contre un manque de calcium, il ira puiser des réserves dans les os, augmentant ainsi le risque de fractures spontanées, tout en maintenant une calcémie normale.

Ainsi, seule l’analyse de ration à la lumière des besoins connus pour chaque élément et pour chaque espèce, permettra de vérifier si les besoins nutritionnels de votre animal sont couverts.

Parfois, le poil de votre animal donne des indices supplémentaires en complément de l’analyse de ration, car il peut être terne, et sa peau squameuse ou grasse, mais ce n’est pas toujours le cas, même lorsque la ration est très déséquilibrée. La brillance du poil n’est donc pas un argument fiable à 100%.

  1. IDEES RECUES EN NUTRITION CANINE
  1. Mon chien est en surpoids, pourtant il ne mange qu'une fois par jour

Ce n’est pas le nombre de repas qui compte, mais bien l’apport calorique sur toute une journée.

Si votre chien est en surpoids, c’est que son apport calorique dépasse ses besoins réels. L’amaigrissement de votre animal doit être établi dans un programme sur mesure adapté à la quantité de poids à perdre, et mis en œuvre avec un ou des aliments spécifiques pour ne pas mettre en danger sa santé. N’hésitez pas à nous en parler et retrouver tous nos conseils dans l’article dédié à la gestion du poids chez le chien.

Dans le cadre d’un amaigrissement, il est au contraire conseillé de fractionner les repas pour améliorer la satiété.

Remarque : Listez bien tout ce que votre chien va manger sur la journée. Pas uniquement les croquettes ! Nous vous conseillons de tenir un petit journal sur plusieurs jours d’affilée sans changer vos habitudes (friandises + croquettes + pâtée + bâtonnet pour les dents s’il y en a + activité physique éventuelle) pour avoir une idée précise du nombre de calories ingérées par jour.

  1. Un chien de grande race a besoin d'être supplémenté en calcium et en phosphore pendant sa croissance

C’est VRAI si votre chien mange une ration ménagère, est nourri au BARF (nous les déconseillons pour la croissance car trop difficile à équilibrer, surtout sur des races à croissance rapide) ou a une ration mixte (croquettes + autre chose). L’ajout d’un CMV est obligatoire pour couvrir ses besoins accrus pendant la croissance. Rappelons qu’un adulte a déjà un besoin en calcium 10 fois supérieur au nôtre, alors imaginez pendant la croissance !

Mais c’est FAUX si votre chien mange un aliment complet (croquettes ou pâtée ou les deux) adapté à son âge, à son gabarit (chiot grande race) et que cet aliment est de bonne qualité. Apportez un excès de calcium est aussi délétère qu’un manque de calcium car il risque de créer des carences en Zinc et en Cuivre par exemple, ou de perturber le bon développement de la croissance.

Un suivi du poids et de la corpulence afin de contrôler le bon développement des aplombs et de la musculature en évitant un surpoids précoce qui endommagerait les articulations chez votre vétérinaire habituel est recommandé chaque mois toute au long de la croissance de votre animal, afin d’éviter les erreurs qui pourraient lui porter préjudice pour le reste de sa vie.

  1. Je donne un Dentastix tous les jours à mon chien pour ses dents

Pourquoi une telle idée reçue dans cet article ? Elle a pourtant tout à voir avec la nutrition et avec la santé bucco-dentaire de votre chien car les bâtonnets pour les dents (Dentastix Pedigree Oral Care étant les plus connus, mais il en existe une multitude !), en plus d’être peu efficaces, sont assez caloriques en apportant 320 Kcal/100g. Si vous avez l’habitude d’en donner un ou plusieurs par jour à votre chien, cela augmente considérablement son apport calorique global de la journée ! Il est donc nécessaire de le mentionner dans la liste des choses que votre chien ingère en plus des friandises et des croquettes, dans le cadre d’un amaigrissement.

Par ailleurs, compte tenu du manque d’efficacité avéré de ce type de bâtonnet, si vous le donnez pour la santé bucco-dentaire et non comme une simple friandise, je vous invite à lire l’article dédié à la santé bucco-dentaire afin de trouver une alternative efficace et moins calorique pour lutter contre le tartre.

  1. Il faut supplémenter en calcium pour redresser les oreilles de mon chiot

FAUX ! Les oreilles du chien ne sont pas une structure osseuse (Il n’y a qu’à regarder un crâne de chien pour s’en rendre compte, il n’y a pas d’oreilles !) et n’ont donc pas besoin de calcium. Le cartilage de l’oreille est riche en collagène et en protéines, c’est donc une carence en protéines qu’il faut rechercher si les oreilles de votre chiot s’affaissent. Cela arrive essentiellement au moment où la croissance est la plus importante, car le besoin protéique est alors encore plus élevé que d’habitude (surtout chez les grandes races).

Il convient donc de vérifier que les croquettes sont correctement formulées et que les protéines utilisées sont de bonne qualité (Pour juger de cela, je vous renvoie vers l’article « comment choisir de bonnes croquettes pour chien »), qu’elles sont adaptées au gabarit de votre animal et que la ration que vous lui donnez couvre bien ses besoins. Si toutes ces conditions sont remplies, il faudra également vérifier que votre chiot est correctement déparasité et qu’il assimile bien sa nourriture (volume et consistance des selles, flatulences, corpulence, etc.)

Comme dit précédemment, nous vous recommandons un suivi mensuel pendant toute la croissance, en particulier pour les grandes races pour lesquelles de petites erreurs peuvent engendrer de gros problèmes par la suite (mauvaise congruence articulaire et dysplasie, arthrose précoce, etc.)

  1. Mon chien n'est pas sédentaire, je le sors matin, midi et soir pour ses besoins

Lors du calcul du besoin énergétique de votre chien pour établir une ration adaptée à son poids ou prévoir une perte de poids, un chien actif, au sens des nutritionnistes, est un chien qui a une activité physique intense en liberté, au moins deux heures par jour (course à pied avec son maitre ou vélo par exemple et non pas juste en liberté dans un grand jardin)

De fait, la plupart des chiens sont en réalité sédentaires. On applique donc un coefficient qui ampute son besoin énergétique calculé de 20%.

Parfois les coefficients peuvent se superposer, par exemple si votre animal est stérilisé ou s’il appartient à une race dont le métabolisme est génétiquement plus lent que pour d’autres races. Le besoin énergétique est alors diminué d’autant pour permettre à votre animal de maintenir un poids de forme, tout en couvrant l’intégralité de ses besoins.

Remarque : Si votre chien est en grand surpoids, il faut d’abord le faire maigrir avant d’envisager une activité physique intense, au risque d’engendrer des lésions irréversibles sur les articulations.

Pour approfondir, consultez l’article dédié à la gestion du poids chez le chien.

  1. IDEES RECUES EN NUTRITION FELINE
  1. Un chat doit boire du lait

Le chat sécrète une enzyme capable de digérer le lactose contenu dans le lait maternel jusqu’à l’âge de 4 à 7 semaines (lactase). Mais plusieurs études scientifiques ont montré que certains chats pouvaient tolérer de petites quantités de lait de vache (environ 100 ml pour un chat de 4 kg) à l’âge adulte. Le moyen le plus simple de le savoir est de surveiller les selles de votre animal après lui en avoir donné.

Si le lait de vache n’est absolument pas essentiel à l’alimentation du chat, il a pour avantage de pouvoir stimuler la prise de boisson dans cette espèce qui s’hydrate spontanément très peu. Ainsi, si vous êtes certain de sa bonne tolérance chez votre chat, vous pouvez vous en servir pour « aromatiser » son eau de boisson et augmenter la quantité d’eau bue chaque jour.

Outre l’intolérance digestive potentielle, le principal écueil à l’adjonction de lait à l’eau de boisson, c’est l’apport calorique de ce dernier : Plus de 47 Kcal/100g, ce qui n’est pas négligeable quand 63% des chats au niveau mondial sont en surpoids, et que le besoin énergétique d’un chat de 4 kg est seulement de 200 Kcal par jour! Il existe beaucoup d’autres méthodes pour stimuler la prise de boisson de votre animal, notamment avec les fontaines à eau, en passant par une ration mixte pâtée/croquettes, ou en ajoutant des courgettes crues ou cuites à sa ration (informations à retrouver dans l’article sur la gestion du poids chez le chat).

Aussi nous ne recommandons pas forcément de donner du lait à votre chat, même s’il le tolère bien, surtout s’il a déjà un peu d’embonpoint.

Remarque 1 : Le lait de vache ne convient absolument pas à l’allaitement du chaton (ni du chiot d’ailleurs) et ne peut en aucun cas remplacer le lait maternel ou le lait maternisé pour chaton.

Remarque 2 : Le lait « pour chat » vendu en grande surface est du lait sans lactose. Nous ne le recommandons pas non plus.

  1. Non ce n'est pas du gras, c'est sa "poche primordiale"

Navrée de vous décevoir, mais le petit bidon qui pend et se balance sous le ventre de votre chat, entre ses deux postérieurs, que certains appellent la « poche primordiale » n’est autre qu’une réserve de gras, plus connu sous le nom de pannicule adipeux. Sa présence est donc synonyme de surpoids, au même titre que nos fameuses « poignées d’amour » même si le reste de son corps est encore de corpulence « normale » à l’œil.

Vous pouvez retrouver un tableau et des schémas pour vous aider à évaluer la corpulence de votre animal dans l’article sur la gestion du poids chez le chat.

  1. Non Docteur, il n'a pas grossi, c'est son poids d'hiver

Si votre vétérinaire voit chaque année votre chat à la même époque de l’année, en hiver, pour ses vaccins par exemple, et que ce dernier a pris du poids, il ne s’agit pas d’une variation saisonnière, mais bien d’une augmentation de la masse grasse.

Une fois son poids d’adulte atteint (vers 1,5 ans environ, si le chat n’est pas déjà en surpoids à ce moment-là), votre chat doit maintenir son poids d’année en année !

Il peut exister une petite variation saisonnière entre l’hiver et l’été, de 200 ou 300 grammes mais pas plus. Mais à l’été suivant, votre chat doit retrouver son poids précédent.

  1. Il est impossible de faire maigrir un chat

C’est plus difficile que pour un chien, c’est vrai. Et c’est d’autant plus compliqué, que votre chat a accès à l’extérieur ou que vous êtes multi-possesseur. C’est pourquoi, il faut, en premier lieu, éviter la prise de poids à tout prix :

En stérilisant plus précocement que ce qui était préconisé il y a quelques dizaines d’années, pour bénéficier du pic de croissance et de son métabolisme élevé tout en évitant le rebond fatidique « ralentissement du métabolisme à l’âge adulte + sédentarité + réduction du besoin énergétique par la stérilisation (qui reste recommandée chez le chat rappelons-le) »

En introduisant très tôt chez le chaton une diversification alimentaire pour pouvoir gérer sa satiété plus tard en donnant une ration mixte « pâtée + croquettes » dont l’apport calorique est maîtrisé.

En favorisant l’exercice physique de votre chat qui est trop sédentaire.

Je vous renvoie pour approfondir cela à l’article sur la gestion du poids chez le chat.

  1. Un chat doit avoir à manger à volonté

FAUX ! Le chat a besoin de faire plusieurs repas par jour (10 à 15 repas par jour), c’est une certitude! Mais si votre chat régule mal son appétit, il faut l’habituer à ne pas manger à volonté dès le plus jeune âge. Attention, cela ne veut pas dire que votre chat doit avoir faim, car c’est une espèce qui tolère très mal la frustration.

Aussi, devez-vous absolument gérer la satiété de votre chat et lutter contre son ennui pour qu’il réduise de lui-même son apport calorique quotidien.

Article rédigé et documenté par le Dr. Hébert

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